Une basse démagogie aux relents nauséabonds

Basse politique sans états d'âme

Dans un précédent article j'évoquais un éditorial de l'Express dans lequel Christophe Barbier estime sans s'en offusquer que l'offensive sécurité tout azimut de Sarkozy n'a d'autre objectif que "d'engranger une moisson électorale" pour ensuite, une fois réélu, construire une "nouvelle droite" respectable. Je m'étonnais qu'on puisse ainsi justifier une telle manoeuvre de basse politique fût-ce pour un motif qu'on estimerait louable.

Pour moi cette campagne relève de la plus basse démagogie dans la mesure où, concernant notamment les Roms, elle exploite les instincts les plus primaires de notre population encore hantée par la crainte ancestrale du Romanichel et du nomade ou chemineau quel qu'il soit. Cette défiance assortie d'hostilité a été tout particulièrement vivace au début du XXe siècle en Europe. En France, elle fut entretenue par la presse  et notamment par le très populaire "petit Journal" qui illustrait sa couverture d'images montrant l'enlèvement d'enfants et autres agressions imputées aux nomades communément appelés Bohémiens.

Il faut rappeler que cette hostilité à l'égard des Roms s'est aussi traduite à cette même époque par des perséctuions fondées sur des  théories eugénistes de sinistre mémoire , notamment en Suisse et en Suède puis dans l'Allemagne nazie et dans la France de Vichy. Au motif de sauvegarder la "pureté de la race"  le régime nazi déporta les Tsiganes tout comme les Juifs vers les camps de la mort, tandis qu'auparavant, et bien plus tard encore, en Suisse et en Suède notamment, on pratiquait la stérilisation de femmes Tsiganes et on arrachait des enfants à leurs familles pour les placer dans des institutions y compris des asiles psychiatriques.

À cet égard je salue la réaction de Michel Rocard, qui voit dans l'entreprise de sarkozy et de ses affidés une dérive vers quelque chose qui rappelle douloureusement Vichy et le Nazisme.

Si l'on en croit le fidèle animal de compagnie de Sarkozy qu'est "le Figaro", une immense majorité de la population française approuverait les mesures sécuritaires envisagées par le gouvernement. Il se fonde sur un sondage de l'IFOP dont la méthode de réalisation basée sur un questionnaire de facture douteuse est des plus suspectes.

Même si la défiance à l'égard des Roms et autres Gens du Voyage est réelle, elle ne devrait pas exclure une approche plus sérieuse et humaine des problèmes concernant l'aménagement, au profit de tous, de dignes conditions de vie et de déplacement de cette population dont l'identité, faut-il le rappeler, est reconnue par l'ONU.

Et tandis qu'on s'en prend aux "voleurs de poules", les vautours de la haute finance peuvent continuer de voler en toute tranquillité.