UN ÉGYPTIEN À PARIS (54)

Publié le par Yaqzan

Sous Charles X et Louis-Philippe


Les monarchies Européennes et le nouveau régime français


"De la façon dont les nations européennes accueillirent la nouvelle de la destitution du roi (Charles X) et l'avènement de son successeur (Louis-Philippe) , qu'elles finirent par accepter.

"On sait que l'ancienne famille royale était revenue (en France) après que la coalition des nations européennes eût renversé l'empereur Napoléon (1) et  déporté celui-ci sur l'île de Sainte-Hélène permettant ainsi que cette famille  (2) revenue d'exil restaure la monarchie en France malgré la répugnance de la majorité des Français.

"Lorsque la révolution (n.d.t. les Trois Glorieuses) survint les Français craignirent que les rois membres de l'alliance lançassent leurs troupes sur leur pays et y installassent à nouveau cette famille sur le trône alors qu'ils s'en étaient débarrassés au profit de l'autre famille, à savoir la famille d'Orléans. Ils ignoraient si ces rois accepteraient ou non cette situation. Dans l'hypothèse où ils ne l'accepteraient pas et leur livreraient la guerre, les Français résolurent qu'ils les combattraient quoi qu'il advienne et se préparèrent à cette éventualité.

"Voyons maintenant à ce propos les rapports de parenté des rois européens: Le roi d'Espagne par sa politique et sa ligne de conduite était en accord avec l'ex-roi de France, l'un  de ses proches puisque la famille régnante d'Espagne est parente de celle qui régnait en France et lui est intimement et ouvertement attachée. Il en est de la famille du Portugal  comme de celle d'Espagne. Aussi l'ex-roi de France n'avait-il  rien redouter de leur part.

"En Italie, les états de Naples, de Rome et de Sardaigne étaient  en accord avec la politique des Bourbons, c'est-à-dire de l'ex-famille régnante de France. Les souverains de ces états furent donc intimement affectés par ce qui venait de se produire en France.

"La Russie (3), l 'Autriche, la Prusse et l'Angleterre faisaient partie de la coalition favorable à la famille de Bourbon. Aussi ces nations et plus particulièrement la Russie manifestèrent une certaine inquiétude. Quant aux petites nations d'Europe, elles étaient dépendantes des grandes. Il ne restait plus en faveur du nouveau pouvoir français  que quelques petites régions aspirant à la liberté.

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               Le Tsar Nicolas 1er

"Toutefois, les Anglais manifestèrent leur acceptation du fait accompli et leur souverain fut le premier à reconnaître la souveraineté du nouveau roi français alors que la règle exigeait que tout roi accédant au trône obtînt la reconnaissance expresse des autres rois selon une procédure concertée (4).

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    Le  Roi William IV d'Angleterre

"Le souverain de Russie fut celui qui tarda le plus à signer son acceptation et  il posa la  condition que rien ne modifie l'équilibre de l'Europe à savoir que celle-ci devait rester dans l'état où elle était  sans que rien ne vienne peser dans un sens ou dans l'autre dans les rapports de force, ce qui interdisait à la France toute expansion au delà des frontières qui étaient le siennes avant la révolution. Il est manifeste qu'en entérinant le nouveau pouvoir royal français, la plupart des souverains européens conférèrent à leur acceptation du fait accompli un caractère temporaire de sorte que les Français ne la prirent pas pour un gage de paix et considérèrent  qu'il ne s'agissait que d'une trêve. Aussi lorsque je quittai la France (5) tous les gens s'attendaient à ce qu'une  guerre fût déclarée entre la France et l'Autriche, la Russie, l'Espagne ou la Prusse. Dieu -qu'il soit loué- est le mieux informé du présent comme de l'avenir.

"Aujourd'hui, chose sans précédent, les Français vivent en parfaite entente avec les Anglais.

1) Tahtaoui emploie le mot arabe sultan pour traduire empereur.
2) La famille de Bourbon.
3) Tahtaoui utilise toujours les mots État de Moscou ou Moscovie pour désigner la Russie.
4) Le Royaume-Uni avait un préjugé favorable à l'égard de Louis-Philippé considéré anglophile et avait en outre pris ombrage de la politique extérieure de son prédécesseur (campagne d'Algérie notamment). Aussi, un mois seulement après l'avènement de Louis-Philippe, les deux pays établissaient des relations diplomatiques, le prince de Talleyrand étant nommé  ambassadeur à Londres et Lord Stuart de Rothesay  à Paris. Cette attitude  s'explique par le fait quel le Royaume-Uni, soucieux de maintenir son indépendance en matière de diplomatie, s'était tenu à l'écart de la  "Sainte Alliance" formée  en septembre 1815 à Paris par trois des monarchies de la coalition, à savoir la Russie, l'Autriche et la Prusse. Cette "Sainte Alliance" était destinée à se protéger contre les mouvements révolutionnaires inspirés en Europe par l'exemple français. La France rejoignit cette alliance en 1818 sous le règne de Louis XVIII après la fin de l'occupation étrangère.
5) Tahtaoui  arrivé en France en 1826, regagne son pays en février 1831.

Publié dans Histoire

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