Tarek Ramadan et le don d'ubiquité télévisuelle
L'islamiste islamologue boit du petit lait
Invité en une seule semaine à participer à trois talk-show télévisés à propos de la question du port du niqab, m. Ramadan s'est vu offrir une superbe occasion de faire mieux accréditer l'image de Musulman modéré qu'il se plaît à donner de lui-même et que d'aucuns, mal informés, lui reconnaissent.
M. Ramadan ne pouvait faire moins que de déplorer le port du voile intégral puisque les plus hautes autorités religieuses d'Egypte elles-mêmes en ont approuvé l'interdiction au sein des universités à la fois pour des raisons réglementaires et parce ce que ce vêtement, ont-ils reconnu, ne fait pas partie des prescriptions islamiques.
Du même coup, notamment lors du dernier débat chez Frédéric Taddei et avec l'appui des autres participants et notamment du sociologue Dominique Wolton, il a entonné le refrain de l'islamophobie que le débat sur la burqa alimenterait concurremment avec celui sur l'identité nationale. ll a dans la foulée, et avec le même soutien, plaidé pour la libre expression de la diversité dans l'espace public. C'est clair. En déplorant le port de la burqa, M. Ramadan cherche à faciliter la banalisation de l'expression publique de l'identité islamique sous toutes ses autres formes.
Ce faisant, fort de son label de modération redoré, il peut mieux que jamais participer à l'entreprise d'islamisation progressive des comportements et rapports sociaux dans notre société sous l'inspiration du courant des Frères Musulmans. Cette entreprise sera d'autant plus efficace qu'elle est de nature rampante, donc nécessairement pacifique.
Le désaveu du port de la burqa venant d'un Musulman faisant autorité, constituera en quelque sorte un gage de sagesse et de bonne citoyenneté à ceux qui veulent voir se développer les pratiques islamiques les plus rétrogrades telles le port du foulard islamique ou hidjab (qui n'a pas plus de fondement religieux que la burqa), l'interdiction de la mixité, le bannissement des disciplines scolaires faisant références à la philosophie des Lumières, comme l'étude des oeuvres de Diderot, Voltaire ou Rousseau, enfin l'occultation de tout ce qui constitue notre culture humaniste à vocation universelle, même si certains lui contestent cette dernière qualité au nom du pluralisme des fondements culturels et philosophiques des sociétés humaines. (*)
Si combattre l'Islam radical politique à vocation totalitaire, ennemi du rationalisme et de la libre pensée (au sens propre du terme) c'est être islamophobe, alors oui, je suis Islamophobe et fier de l'être. Mais, en vérité, combattre ces courants c'est être bien au contraire ami de l'islam, de l'Islam éclairé qui se reconstruit chaque jour au fil de l'évolution historique avec l'aide de la raison critique, cette démarche qu'on appelle en Arabe Ijtihad .
Voyez ce que l'obscurantisme religieux a fait de l'Égypte, où la culture est aujourd'hui au plus bas niveau de toute son histoire. L'omniprésence du discours islamique y a anesthésié la pensée rationnelle et, à l'université, les jeunes gens ont abandonné les sciences humaines au profit des filières technologiques. Quant aux intellectuels de réputation internationale, ils s'y comptent aujourd'hui sur les doigts de la main.
(*) J'ai affirmé plusieurs fois sur ce blog, sans jamais avoir été démenti, que le voile sous toutes ses formes n'a aucun fondement coranique. Ce n'est qu'un fait de société établi essentiellement dans les structures patriarcales où, au fil du temps, il a acquis un caractère religieux.