NICOLAS-GRICOLE HÉRAUT DE L'IDENTITÉ FRANÇAISE

Publié le par Yaqzan


Fantasia chez les Ploucs,  ou les tribulations bucoliques des escarpins vernis dans la glèbe humide des terroirs


Hier en ce 27 octobre de l'an de grâce 2009,  au risque de souffrir  de poussées d'urticaire je me  mis en peine d'écouter et suivre de visu, en son entier et par le menu, l'adresse solennelle faite par Nicolas à la brave paysannerie française.

Epoustouflant. J'en suis resté comme deux ronds de flan. C'est moi qui vous le dis! Un puits de science ce Nicolas, dominant de toute sa hauteur l'agro-économie  fonctionnelle et structurale urbi et orbi. On aurait juré qu'il avait lu dans le texte Les Travaux et les Jours de ce cher Hésiode ou les Très Riches Heures du bon  vieux Duc de Berry. Les deux mains appuyées sur son pupitre, parlant d'un ton mesuré, mais ferme et didactique, il a par moment laissé paraître son émotion et sa compassion devant ces enfants de laboureurs autrefois riches et qui aujourd'hui travaillent et prennent de la peine sans plus aucun espoir de trouver le trésor prétendument enfoui sous la glèbe de leurs champs ingrats.

Mais, à l'observer, une chose m'intrigua dans le comportement de Nicolas. Qu'était-ce? Je me creusais la tête mais n'arrivai pas à identifier ce je ne sais quoi. Puis , subitement, je me frappai le front d'un poing vainqueur comme l'avait fait devant moi  Archimède mon meilleur copain de classe. Eureka! J'avais trouvé. Nicolas ne manifestait plus aucun signe d'agitation trémulante et compulsive  des cervicales.

On n'était pas à Lourdes mais à Poligny, dans le Jura. Ne s'agissant donc pas d'un miracle, quelle pouvait donc être l'explication de cette guérison subite? A force de réflexion, j'arrivai à la conclusion qu'il devait s'agir d'un inhibition due à l'attention scrupuleuse et soutenue que Nicolas portait à la lecture de la partition posée sur son pupitre et qui, assurément, devait avoir été écrite par quelqu'un connaissant la musique des petits oiseaux qui gazouillent dans les verts et frais bocages de notre douce France. Nicolas, Hésiode et le Duc de Berry n'étaient donc pour  rien dans cette démonstration magistrale.

Mais alors que le discours touchait à sa fin, patatras! voilà que les cervicales s'agitèrent. Le ton s'était fait soudain véhément, agressif. A coup sur, c'est Nicolas qui s'exprimait et non plus le compositeur de musique bucolique. Sans transition, il s'était mis à parler de l'identité française, sa marotte d'aujourd'hui, cette identité française dont l'agriculture, comme l'avait dit bien avant lui ce brave Sully, est un élément intrinsèque comme les mamelles au mammifère. La France a un "lien charnel avec la terre", a-t-il asséné, rappelant que chaque famille française compte au moins  un grand-père ou un aïeul qui fut paysan. Tout cela venait comme un cheveu sur la soupe mais il fallait que ce fût dit et ce fut dit. Et Nicolas sait de quoi il parle, lui qui dans son enfance garda les vaches à Neuilly-sur-Seine. Des vaches à Neuilly! Vous voulez rire! Ben pourquoi pas? Peut-être celles que l'on avait sorties des écuries de m. Augias, le temps d'un nettoyage.

Publié dans Humeurs

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