MÉLENCHON, L'ANACHRONIQUE, SE TROMPE DE COMBAT
Une "profession de foi" anticléricale ...
"Il n'y a pas de mal à faire du bien, et bien que je sois un anticlérical, par conséquent je n'en dirai pas de mal", affirme Jean-Luc Mélenchon à propos de l'action des Petites Soeurs des Pauvres .
Le président du Parti de Gauche était interrogé dimanche 18 octobre par Samuel Etienne dans l'émission 7-à-Voir de France-3. Son propos -à mon avis fort pertinent- était de déplorer qu'il faille avoir recours à la charité pour pallier les injustices de notre système social. Mais pourquoi grand Dieu ! (si je puis dire) a-t-il fallu qu'il rappelle son anticléricalisme à cette occasion alors que c'était totalement hors de propos !
L'explication est évidente. L'anticléricalisme de Jean-Luc Mélenchon est viscéral et totalement anachronique. Le président du Parti de Gauche est en retard de plus d'un siècle et, comme je l'ai déjà écrit sur ce blog, le camarade Jean-Luc, réincarnation cocasse du Petit-Père Combes, en est encore à "bouffer du curé".
Depuis la séparation de l'Eglise et de l'État, l'anticléricalisme n'a plus aucune raison d'être. L'Église catholique elle même se sent et se dit heureuse de notre état laïque qui lui a rendu sa véritable identité et sa vocation essentiellement spirituelle sans autre compromission que la fraternité dans l'espace social (*). Moi, qui suis libre penseur et agnostique, je déplore seulement que quelques autorités ecclésiastiques tardent à accompagner avec sagesse l'évolution des moeurs. Prudence excessive peut-être?
"Soyons cohérent, Camarade Jean-Luc"! La laïcité n'a de sens et raison d'être que s'il existe des religions. La laïcité garantit la liberté de conscience individuelle et le libre exercice des cultes quels qu'ils soient. Elle reconnaît de la même manière le droit à la libre pensée, à l'agnosticisme et à l'athéisme. "Bouffer du curés" aujourd'hui c'est substituer le "laïcisme" à la laïcité et l'anticlérical est en totale incohérence avec lui-même puisqu'il fait -Oh! comble de l'absurdité!-, du laïcisme militant une forme d'intégrisme quasi-religieux.
Si on ajoute à la panoplie idéologique jacobine de J-L. Mélenchon son aversion pour les cultures et surtout langues et dialectes régionaux, on se demande comment son discours politique pourra convaincre une majorité de l'électorat national populaire quasi-unanimement démocrate et républicain mais qui reste attaché à ses croyances comme à sa culture dans toutes leurs diversités.
Et la "Bonne Parole" prêchée aux convaincus d'avance
Mélenchon se trompe de combat. Il prêche à des convaincus et les ovations que son discours enflammé aux accents révolutionnaires soulève parmi des auditoires acquis d'avance à sa cause sont par conséquent totalement illusoires. ll devrait comprendre que ce n'est pas avec une gauche hétéroclite rafistolée que l'on vaincra la machine sarkozienne. Ceux qu'il faut tenter de rallier pour sauver nos institutions démocratiques et notre modèle idéal de société, ce sont tous les citoyens sans exclusive et parmi eux les déçus pour ne pas dire les cocus du sarkozysme dont le vote a été arraché à coups de promesses fallacieuses faites au cours d'une campagne électorale manipulée.
La gauche devrait comprendre que ses nobles slogans hérités d'un passé aussi héroïque fût-il ne font plus recette. A force d'avoir été répétés et multipliés, ils se sont dévalorisés en terme de mobilisation.
Cette mobilisation, je le répète, doit se faire autour d'un appel solennel à la défense ou plus précisément au sauvetage de nos institutions républicaines, démocratiques et sociales déjà mises à mal et menacées de mort par notre quasi-monarque élyséen. C'est là une mission d'extrême urgence.
Le discours d'extrême-gauche, chargé de réminiscences historiques propres à captiver le révolutionnaire qui sommeille dans le coeur de chacun d'entre nous n'a de sens aujourd'hui que s'il devait déboucher sur un projet insurrectionnel. Or, je ne crois pas que l'aube du "Grand soir" soit pour demain. (lien) (lien) (lien)
* Rappelez-vous le travail effectué en Amérique Latine au nom de la Théologie de la Libération.