LE PROCÈS DE MARINE LE PEN
Le temps de la réflexion sereine
La tempête de protestations qu'ont provoqué les propos tenus Jeudi 09 décembre et les deux jours suivants par Marine Le Pen concernant l'Islam me parait avoir été l'effet d'un réflexe épidermique plutôt que le résultat d'une réflexion sereine. Tout s'est passé me semble-til comme si le simple fait qu'ils aient été tenus par elle, haute responsable du Front national, suffisait pour les condamner.
J'ai vu l'émission "Á vous de juger" d'Arlette Chabot et je l'ai visionnée une nouvelle fois le surlendemain, par souci d'exactitude. Elle a dit exactement, à propos d'atteintes portées selon elle à la laïcité: "Il y a des revendications politico-relgieuses permanentes qui sont portées non pas par des Musulmans à titre individuel mais par des groupes qui ont la volonté d'appliquer la Charia et pour cela, faire plier la République".
N'importe quel défenseur de la laïcité, de gauche comme de droite, aurait pu tenir ce propos et n'aurait provoqué aucune réaction. Ce qui s'est passé est à mon avis fort dangereux car en réagissant immédiatement et de façon épidermique, le MRAP comme la LICRA, la Ligue des droits de l'homme, le CCIF (Collectif contre l'islamophobie en France) et certains responsables politiques confortent les intégristes dans leur action politico-religieuse . De plus, en accusant Mme Le Pen de tenir des propos "anti-Islam", ils entretiennent l'amalgame fâcheux fait entre l'Islam de l'immense majorité des fidèles et l'Islam politique pour lequel militent notamment les Frères musulmans et d'autres groupes plus radicaux encore, que j'ai moi-même maintes fois dénoncés sur ce blog.
Plus tard, à Lyon puis à Lille, Mme Le Pen a utilisé le mot "occupation" à propos des rues bouchées le vendredi par des fidèles en prières. (¨*) Immédiatement les mêmes protestataires y ont vu une allusion à l'occupation allemande de la France et considéré que Marine Le Pen traitaient les Musulmans de nazis. Il y a ainsi des mots qui ont une forte connotation historique. Il est amusant à ce propos de remarquer que le porte-parole du PS, M. Benoît Hamon, déplorant la pratique de la prière du vendredi dans la rue, déclarait qu'il fallait "libérer" l'espace public. Connotation pour connotation, nous dirons qu'après "l'occupation" nous avons eu "la libération".
En conclusion, et rappelant que je me situe dans le camp diamétralement opposé à celui de Mme Le Pen sur l'échiquier politique, je crains fort que toutes ces protestations spontanées ne fassent le jeu du FN. (lien)
(*) La pratique de la prière du vendredi dans la rue est apparue au Caire dans les premières années de 1980 à l'initiative des islamistes radicaux. Cette pratique est dénoncée par l'Islam officiel. Il est probable que cette pratique en France soit de même origine mais suivie également par des fidèles ordinaires à cause du nombre insuffisant de mosquées.