LAURENT JOFFRIN VERSUS KADHAFI
Naïveté
Laurent Joffrin déteste Kadhafi comme la plupart des gens et il nous livre dans le dernier numéro du Nouvel Observateur un pamphlet inutile, puisque la cause est acquise, mais aussi une vision naïve de la situation créée par les révoltes arabe du printemps et surtout en Libye sans analyser les contours de ces mouvements. Il enfreint en quelque sorte la règle d'or du journalisme qui est de ne point juger mais d'exposer les faits dans leurs plus petits détails pour ensuite les "mettre en situation".
Il se laisse aller à l'énoncé totalement inutile au regard de l'information ou même du commentaire d'un florilège de qualificatifs dont il pare la personne du colonel honni. En voici un aperçu: "Tyran" (ce n'est pas original et c'est très répandu), "dictateur fou", 'tyran grotesque et sanguinaire", fantôme d'un autre âge", 'Ubu des sables". Tout ce qui est excessif est insignifiant, devrait savoir Laurent Joffrin.
Mais tout cela n'est rien. Il voit de la démocratie partout où un despote a été écarté alors que cette démocratie et encore bien loin d'être acquise. Il qualifie même nos pays occidentaux de démocraties alors que la France, en particulier, vit sous la dictature de la haute finance, dont nos dirigeants jusqu'au plus haut placé d'entre eux sont les fidèles serviteurs. Ceux-ci ne rendent aucun compte à nos centaines de milliers de SDF, millions de pauvres, et autres millions de chômeurs et de jeunes sans avenir. L'univers carcéral indigne qui en naît ne vaut sans doute pas mieux que celui de Moubarak.. Cette Situation est identique à celles qui ont provoqué le "Printemps Arabe" à cette exception près que nos dictateurs se prévalent de mandats électoraux et ne portent pas de casquettes galonnés. Quand la classe moyenne de nos société aura été réduite à la pauvreté, les mêmes causes provoqueront les mêmes effets.
BHL GLORIFIÉ
Enfin le plus drôle. Joffrin rend un hommage dithyrambique à Bernard Henri Levy , "philosophe courageux qui a eu raison contre les savants tièdes de la realpolitik". Par prudence sans doute, il modère son propos en notant au passage que BHL est connu pour être un philosophe germanopratin narcissique. Si ma mémoire est bonne, BHL mouillait encore ses couches lorsque les vrais philosophes comme Sartre, fréquentaient Saint-Germain des prés. En tout cas pour moi comme pour d'autres BHL est avant tout un riche exploitant forestier en Afrique et un philosophe auto-proclamé, adoubé dans son rôle d'amateur par le fantomatique Botul et célébré par les médias complaisants. Il est revenu bronzé, rayonnant, de son escapade libyenne. Les TV ne vont pas tarder à nous l'infliger.
Laurent Joffrin ne s'interroge à aucun moment sur les origines réelles de la rébellion de Benghazi et de l'expédition de l'OTAN illégale dans les formes qu'elles à prise en faveur d'un CNT, qui, notons-le au passage, compte certains membres douteux à commencer par son président Abdel Jalil. Rappelons que celui-ci était ministre de la justice de Kadhafi et président de la cour d'Appel de Tripoli, qui confirma entre autres sans doute la condamnation à mort des fameuses infirmières bulgares.
Laurent Joffrin se rachète un peu en évoquant les menaces qui pèsent sur les "démocraties" nouvelles. Il ne pouvait faire moins.