La posture présidentielle selon Luc Ferry
La sympathie autoriserait-t-elle l'indulgence?
Luc Ferry, que j'apprécie généralement pour sa qualité de débatteur courtois, m'a franchement énervé samedi 18/09 lors de son entretien hebdomadaire avec Jacques Julliard sur LCI. Qu'il manifeste sa sympathie pour Sarkozy, cela ne me gène pas mais que, partant, il tente d'excuser l'attitude du même Sarkozy dans l'affaire de l'expulsion des Roms ça m'a tout de même un peu gratté l'épiderme. Mais passons, ce n'est pas là l'objet de mon article.
De la décontraction à la désinvolture en passant par la grossièreté
En revanche, ce qui m'a franchement déçu de la part de cet intellectuel sérieux, c'est qu'il ait déclaré apprécier le style, disons décontraté, de la posture de ce président par opposition à ce qu'il qualifie de style "monarco-républicain" de ses prédecesseurs. Le comble, et ce qui m'a carrément provoqué une crise d'urticaire, c'est qu'il ait prétendu que cette décontraction, que je qualifie pour ma part de désinvolture grossière, est appréciée par les gens du peuple. S'il fréquentait de plus près ces même gens du peuple, il saurait que ceux-ci ont horreur d'être "singés", démarche qu'ils interprètent comme de la condescendance avec la part de mépris que celle-ci comporte par nature. Par principe, le président de la République est sensé représenter la France chez nous comme à l'étranger. Cela exige de la dignité dans la posture et par expérience je peux affirmer que l'immense majorité de nos concitoyens est de cet avis.
Les "Rois fainéants" avaient de la classe
Après Mitterrand, Chirac -et je le dis bien que n'ayant pas été de son bord politique- incarnait la fonction présidentielle avec la posture conforme à la conception que s'en font les citoyens. Et il n'est pas étonnant qu'il soit resté très populaire. Homme enraciné dans le terroir, cultivé et ouvert aux cultures du monde, cordial et chaleureux sans calcul, il était l'exact contraire de son successeur. Ce dernier, l'hyperactif qu'on connaît, s'est laissé aller à le qualifier de "roi fainéant". Il est vrai que Jacques Chirac ne se prenait pas pour un chef de gouvernement. Ce n'était pas sa fonction .
Casse-cou !
Il y a assurément une chose qu'il n'a pas faite et nous nous en sommes félicités: Il n'a pas voulu suivre G.W. Bush dans sa désastreuse aventure irakienne, et ce au grand dam de m. Sarkozy, qui s'est aussitôt empressé d'aller dénoncer "l'arrogance" française auprès de son ami le cow-boy. Cela nous autorise à affirmer que s'il avait été président à cette époque, Sarkozy nous aurait entraînés dans le sillage du Texan. Il y a là motif à réflexion. N'a-t-on pas écrit récemment que Sarkozy est un homme dangereux.