ÉTAT D'URGENCE NATIONALE

Publié le par Yaqzan

une  droite républicaine fourvoyée ?

Voilà plus de deux ans que je m'interroge  sur la raison pour laquelle  des hommes de droite, démocrates sincères et républicains authentiques, acceptent de se faire les complices sinon actifs du moins passifs du sarkozysme, idéologie fondée sur le rejet de l'héritage des "Lumières" et de notre passé révolutionnaire au service du peuple.

Comment peuvent-ils cautionner par leur présence une entreprise déshumanisante qui mesure la réussite individuelle à l'aune de la richesse, considère les inégalités comme un moteur de croissance et tend à gérer la société à la manière d'une multinationale, une sorte de "Super France-Télécom" hexagonale soumise à la férule de la performance individuelle et où les plus faibles n'ont d'autre recours que celui du suicide. Ce serait faire injure à leur intelligence que de croire qu'il s'agit d'un fourvoiement mais également je me refuse à croire que c'est une adhésion. Il leur faudra bien choisir un jour pour sauver leur honneur républicain.

Etat de légitime défense

Je ne suis pas seul à m'interroger. Dans un ouvrage intitulé "Le Sarkozysme sans Sarkozy" (Grasset), le juge Serge Portelli, vice-président au tribunal de Paris, dresse un constat implacable de l'idéologie "inégalitaire, matérialiste, liberticide et anti-humaniste" qui domine au sommet de l'État (1). Et, dans une interview récente au "Nouvel Observateur", il en appelle à la droite républicaine et démocrate authentique.

Serge Portelli explique pourquoi il a décidé de sortir de sa réserve: "Je considère mon devoir d'information comme un principe supérieur à mon devoir de réserve. Si j'ai décidé de prendre la parole, c'est que je m'estime quasiment en état de légitime défense et nous sommes de plus en plus nombreux à le penser. Il y a heureusement encore en France une part de la droite qui est authentiquement républicaine. C'est avec elle qu'il faut s'unir pour que les germes en place ne débouchent pas, l'occasion venue, sur une véritable catastrophe démocratique".

Ecoutera-t-on le juge Portelli ?

Il y a urgence. Voilà en effet plus de deux ans et demi que le sarkozysme au service d'un projet attentatoire aux libertés, aux droits de l'Homme, à l'égalité et à la justice sociale, sape assidûment les bases de notre société fondée sur les valeurs de l'humanisme et s'emploie  jour après jour à la mise en place d'un état policier.
 
Outre cela, celui qui se prétend président de tous les Français,  se conduit comme un chef de clan et tient à l'égard de l'opposition parlementaire, démocratiquement élue par des citoyens français, des propos qui relèvent du mépris tout autant que de la farce grossière. L'ensemble  jette le discrédit sur notre pays au-delà de ses frontières. La lecture des commentaires de la presse étrangère est à cet égard édifiante.

La "main tendue" de Thorez : Un signal pour la gauche ?

Si cette droite s'affranchissait de la tutelle de l'UMP (2) et si la Gauche au lieu de s'entredéchirer, prenait la juste mesure de cette menace, elles conviendraient l'une et l'autre que seule une union sacrée pourrait nous débarrasser de Sarkozy, avant même l'échéance de 2012. Après tout, Thorez n'avait-t-il pas tendu la main aux catholiques en 1937 pour abattre le fascisme menaçant ? Les forces démocratiques devraient prendre conscience de l'urgence d'une action nationale décisive au lieu de perdre leur temps dans leurs calculs électoraux régionaux. Combien de fois par le passé, nos aïeux n'ont-ils pas forcé leur gouvernants à la démission.

(1) Avant lui, Bayrou avait dénoncé les multiples "abus de pouvoirs" commis par le chef de l'État, utilisant même une fois le terme de" forfaiture". (lien)

(2) Rappelons que m. Hervé de Charette a quitté l'UMP qu'il juge "trop à droite" et veut faire revivre l'UDF (Centre-droit) . La cohésion de la majorité présidentielle laisse en effet apparaître des fissures comme on a pu le constater à propos de la réintégration de la France dans le commandement militaire de l'OTAN, son implication accrue dans le conflit  afghan, le débat sur l'Identité Nationale confondu avec la question de l'immigration, la suppression de la taxe professionnelle, les atteintes à l'indépendance de la justice et autres violations du principe de la séparation des pouvoirs.



Publié dans Politique

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