Du hidjab de Madame
... à la barbe de Monsieur
Notre société laïque interdit le port du niqab et déplore celui du hidjab. Pourquoi devrait-elle tolérer plus longtemps l'appareil vestimentaire et la barbe déployée des intégristes de la mouvance de l'Association des Frères Musulmans abritée par l'Union des organisations islamiques de France (UOIF), sachant que ces signes sont l'expression publique d'une idéologie antidémocratique auto-proclamée qui rejette nos institutions et au premier chef le droit positif fondement de notre société (lien) . Rappelons que les prêtres catholiques ont abandonné la soutane de leur plein gré dans un accord tacite avec le principe de laïcité.
Il est vrai que même s'ils se trouvaient contraints de se raser la barbe et d'abandonner leur vêtement, les "Frères", pratiquant le faux semblant (التقيٌة) * n'en resteraient pas moins fidèles à leur doctrine éminemment dangereuse pour notre organisation sociale et l'avenir sinon la survie de notre ordre social démocratique et laïque. Abstraction faite de la violence pure, les "Frères" me paraissent plus dangereux même qu'al-Qa'ida du fait de leur entreprise d'islamisation globale du comportement et des rapports sociaux en Occident selon une stratégie à long terme et en profondeur tout autant discrète que persévérante.
Il fut un temps où, en Egypte au début des années 80, le pouvoir ayant interdit -tout en la tolérant- l'organisation des Frères Musulmans, avait doté chaque policier d'une paire de ciseaux avec pour mission de couper les barbes au hasard des rues. Parallèlement, le gouvernement au travers de l'Université islamique al-Azhar, gardienne universelle de l'orthodoxie sunnite, adoptait la politique dite de "l'Islam contre l'Islamisme" et développait la diffusion du discours religieux à l'école et dans les médias et tout particulièrement à la télévision, le vecteur le plus populaire. Ce discours islamique omniprésent a éclipsé depuis lors tout débat intellectuel éclairé. Le fameux et très populaire prédicateur feu Mohammed Metwalli al-Chaaraoui (Dieu le tienne en sa miséricorde ألله يرحمه) ne se vantait-il pas à l'époque de n'avoir de sa vie jamais ouvert d'autre livre que le Coran?
Cette politique a échoué et aujourd'hui ce sont les "Frères" qui font la loi dans l'espace social et élargissent leur influence dans les organisations syndicales et politiques en entrant subtilement dans le jeu démocratique notamment électoral. Cela ne signifie pas qu'ils aient abandonné leur mot d'ordre "l'Islam est à la fois religion et état" (الإسلام دين ودولة).
* Pratique dite de la "restriction mentale" c'est-à-dire dissimulation, utilisée dans l'histoire de l'Islam par les groupes minoritaires se sentant menacés.