DE L'INUTILITÉ DE LA COMPÉTENCE
... au sommet de l'état
Dans ses "Propos sur les pouvoirs", Alain affirme que la fonction de chef ne relève pas de la compétence. ".... Ce n'est pas la science électrique qui fait un bon directeur des télégraphes ( ...) ni la science des transports qui fait un bon directeur des chemins de fer (...) ni la science des pierres, des bétons et des mortiers qui fait un bon directeur des Ponts et chaussées (...) Ces sciences conviennent à de petits ingénieurs sans avenir (...) Des que l'on s'élève, on règne sur des hommes, non sur des choses, et l'on a à considérer non pas les lois des choses mais la marche des passions ..."
DSK un homme compétent
Si je cite ces remarques du philosophe, datant de 1911, c'est à propos de m. Dominique Strauss-Kahn dont on dit un peu partout dans les journaux et débats que ses hautes compétences en matière d'économie et son prestige en tant que président du Fonds monétaire international, le désignent , en cette période de crise, comme le meilleur candidat en mesure de battre Nicolas Sarkozy à la prochaine élection présidentielle.
Revenant aux propos d'Alain je me pose donc la question: A-t-on vraiment besoin d'un savant économiste à la tête de l'état? Une telle compétence ne conviendrait-elle pas mieux au ministre, ou même encore mieux au conseillers du ministre de l'Économie et des Finances.
En conséquence je m'interroge: Que doit-on exiger de l'homme ou de la femme qui briguera la présidence de notre république française au delà des dispositions de la constitution? *
Exigences du citoyen
A mon avis on doit exiger qu'il soit le président ou la présidente de tous les Français. Cela veut dire que cette personnalité doit se placer au dessus des partis et n'avoir aucun lien avec aucun d'entre eux y compris par conséquent avec celui dont elle est éventuellement issue. Dans le même esprit d'indépendance, il ou elle ne doit pas être être lié à quelque groupe de pression que ce soit, financier, idéologique ou religieux sans pour cela, dans ces deux derniers domaines, abdiquer ses intimes convictions relevant de la sphère privée.
Le chef de l'État doit être intimement attaché aux fondements humanistes de nos institutions républicaines et laïques héritées de la Révolution et de l'esprit des Lumières. Il doit être profondément imprégné de notre propre culture et ouvert aux cultures des autres peuples dans un souci de coexistence fondée sur la compréhension mutuelle; sachant que si nous estimons que nos valeurs ont pour l'essentiel une vocation universelle, il ne nous appartient pas de chercher à les imposer pour autant.
Chargé de veiller au respect de la constitution, le chef de l'État doit être le premier à la respecter, notamment dans son principe de la séparation des pouvoirs et ne prendre aucune décision qui porte atteinte à notre indépendance nationale ou la mette en péril.
Le chef de l'Etat n'a pas fonction de gouverner. Celle-ci est exercée par le premier ministre sous le contrôle du parlement. Mais Il peut et doit définir dans l'esprit des valeurs évoquées plus haut, les grandes orientations du pouvoir en matière nationale et internationale et exercer, comme le stipule la constitution, son arbitrage sur le fonctionnement des pouvoirs publics. Et il n'a nul besoin pour cela de compétences techniques particulières. Il lui suffit d'avoir l'amour de la Patrie et de partager avec les citoyens ce qui leur est propre, à savoir le bon sens et la conscience du vécu des réalités quotidiennes de notre société.
Un anti-portrait de Sarkozy
Ceux qui partagent mes idées me diront sans doute: "Tu nous fais là l'exact "anti-portrait" de Nicolas Sarkozy. je leur répondrai que s'ils tirent cette conclusion c'est qu'ils se rendent à l'évidence. L'actuel président n'est-il pas également président de l'UMP et chef d'un clan à l'intérieur de ce parti? N'a-t-il pas d'intimes rapports avec le grand capital et la haute finance? N'a-t-il pas hypothéqué l'indépendance militaire de la France au profit des États-Unis en lui faisant réintégrer le commandement militaire de l'OTAN? N'a-t-il pas décidé de son propre chef d'accroître la présence militaire de la France en Afghanistan au delà des dispositions stipulées par l'ONU, mettant ainsi en danger la vie de soldats français dans un combat que tout le monde ou presque considère comme sans issue? Ne pratique-t-il pas au Proche-Orient un double jeu toujours en faveur du gouvernement d'Israël?
On pourrait ajouter à cela diverses atteintes au principe de la séparation des pouvoirs, des mesures de sécurité discriminatoires et brutales (dans l'affaire des Roms notamment) contraires aux droits de l'Homme et qui s'inscrivent dans une dangereuse dérive populiste à des fins électorales. L'essayiste Guy Sorman , peu suspect de gauchisme, déclarait récemment sur un plateau de télévision qu'en s'érigeant en "premier flic de France, Sarkozy n'était plus le "président des Français", lequel doit être un "rassembleur".
La popularité de DSK miroir de l'impopularité de Sarkozy
Mais revenons à DSK. L'actuel président du Fonds monétaire international (FMI) apparaît dans les sondages et chez les commentateurs politiques comme la personnalité la mieux placée pour battre Nicolas Sarkozy à la prochaine élection présidentielle. C'est sans doute ce qui explique, du moins en partie, sa forte cote de popularité, qui se trouve être directement proportionnelle à l'impopularité de l'actuel président. Le "tout sauf Sarkozy" jouerait donc fortement en sa faveur. Mais, il y a sans doute aussi, du côté des électeurs du centre et de la droite modérée, des gens qui estiment que ses compétences pourraient aider le pays à mieux supporter la crise sinon à en sortir, sans pour autant faire un triomphe au parti socialiste dont il pourrait aisément s'affranchir une foi élu. Ce serait un changement en douceur sous l'étiquette d'une social-démocratie raisonnable. Rien de vraiment révolutionnaire en somme.
Questionnement
Mais la personnalité de DSK répond-elle aux critères essentiels exposés plus haut concernant nos principes républicains? Rien ne me permet a priori d'en douter, sauf toutefois en ce qui concerne l'orientation de notre politique étrangère. Son attachement viscéral à l'état d'Israël et son soutien indéfectible aux gouvernements qui se sont succédé à Jérusalem posent question en ce qui concerne la position de la France dans la recherche d'une vraie solution au conflit israélo-palestinien. Seule le surpasse dans ce domaine son épouse, Anne Sinclair, qui forma avec Ivan Levai au début de la décennie 1980, lors des dramatiques événements du Liban, un célèbre tandem pro-israélien. Sur un autre plan, son passage à la présidence du FMI peut ternir l'image de DSK dans le monde sous-développé où l'institution internationale souffre à tort ou à raison, d'une mauvaise réputation en raison des contraintes qu'elle impose..
Il appartiendra aux citoyens de faire leur choix entre les candidats du premier tour en fonction de leurs convictions politiques.
Le Droit du citoyen à la parole et à la participation.
Un clin d'oeil à Ségolène
Depuis la troisième république, les gens au pouvoir n'ont cessé de considérer l'électeur comme un ignorant de la chose politique et de la conduite des affaires. On ne lui ne demande que son suffrage comme garantie de légitimité et, entre deux échéances électorales, on lui conseille de se tenir coi en laissant à "ceux qui savent" le soin de faire leur bonheur malgré eux. Aujourd'hui, les conditions ont changé et le changement ne cesse de s'accélérer avec l'explosion d'internet où s'est créé un immense forum démocratique et populaire au sein duquel les blogueurs exercent le droit du peuple à la parole et bouleversent le débat politique en le libérant.
Ségolène Royal a séduit beaucoup d'électeurs dont moi-même, avec sa campagne en faveur de la démocratie participative. Cette idée nouvelle et révolutionnaire a effrayé les principaux membres de l'appareil historique sclérosé de son parti. Ceux-ci, avec la complaisance de la presse, n'ont rien trouvé de mieux que la raillerie pour discréditer celle qui était porteuse d'un projet novateur qui menaçait leurs splendides et confortables certitudes.
Si l'occasion se présente, vous voyez que mon choix est fait.
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"Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'Etat. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités" (article 5).