APRÉS KADHAFI
Deux Certitudes et une grande inconnue
II y a fort à parier que les proches collaborateurs de kadhafi qui l'ont lâché ne figureront par parmi ceux qui iront le lyncher.
Sarkozy et Mustafa Abdel-Jalil, président du CNT libyen et ex-ministre de la
justice du colonel Kadhafi qui prononça entre autres la condamnation à
mort des infirmières bulgares, emprisonnées en Libye de 1999 à 2007.
Je doute que leur choix ait été dicté par l'honneur qui aujourd'hui exigerait qu'ils aillent regarder le colonel droit dans les yeux en lui passant les menottes.
Au risque de passer pour un défenseur des despotes je dirai que Saddam Hussein s'est montré plus digne dans l'affrontement de la mort que ses bourreaux ignobles et ceux qui ont eu l'indécence de filmer la scène.
La grandeur du vainqueur réside dans sa modestie et sa dignité et non dans l'ivresse de la vengeance. Nous avons connu chez nous en 1945 les méfaits des tristement fameux "résistants de la onzième heure".
Je plains le peuple libyen pour deux raisons principales, d'abord l'inconnu qui s'ouvrira devant lui, gouverné par une sorte de junte sans indentité, et ensuite parce que il apparaîtra aux yeux des autres peuple Arabes comme le seul qui n'aura pas acquis la gloire de lutter seul et désarmé comme les Êgyptiens, les Tunsiens et les Syriens, mais avec l'appui armé massif de puissances étrangères qui plus est occidentales.
Il y a deux certitudes, aujourd'hui. 1°) après la chute de Kadhafi, la Libye sera politiquement inféodée aux puissances de l'OTAN, même si l'organisation n'exige pas l'installation d'une base militaire. 2°) Inspirée sans doute par le premier ministre du CNT, M. Gibril, l'économie libyenne sera soumise à une privatisation généralisée et le pays ouvrira grand ses portes à l'exploitation sans frein de ses considérables richesses par les grandes compagnies étrangères.
Pour le reste c'est l'immense inconnue. Ce pays n'a jamais connu de toute son histoire la démocratie telle que nous la concevons. ce n'est pas un état mais une mosaïque tribale. Il n'existe pas de constitution. Kadhafi n'était rien officiellement. Seulement le "Guide de la Révolution". La société ciivile, organisée selon la volonté révolutionnaire exprimée par Kadhafi dans son "Livre Vert" était fondée sur des comités révolutionnaires à plusieurs échelons. Une sorte de démocratie directe dont la fonctionnement a fait malheureusement l'objet de manipulations aux plus haut niveau. Le président du CNT, Abdel-jalil, a été président du Comité National Populaire, plus haute instance de ce système politique.
Kadhafi tombé, il ne restera plus que les tribus, leurs rivalités, les Islamistes et leurs projets, les ambitons politiques ou appêtits divers de certains membres d'une élite, dans laquelle on pourrait souhaiter l'émergence de personnalités dignes. Malheureusement l'ombre la plus nette qui se dessine déjà, c'est la guerre civile.