UN ÉGYPTIEN À PARIS (49)

Publié le par Yaqzan

Sous Charles X et Louis-Philippe

Fin des "Trois Glorieuses" et chute d'un roi

Ultime résistance de Charles X 

L'imam Rfa‘at at-Tahtaoui nous narre ici "ce que fut l'attitude du roi Charles-X lors des troubles révolutionnaires de Paris puis son acceptation de  la paix et son abdication  en faveur de son fils" (1).

"Le roi, nous dit-il, se trouvait dans la localité de Saint-Cloud, près de Paris, lorsqu'il prit les ordonnances (qui déclenchèrent la révolte- lien UN ÉGYPTIEN À PARIS (47) ) . Il était donc absent de Paris lorsque les troubles révolutionnaires s'y produisirent.

"Les Gens de Paris lui envoyèrent  une délégation pour le convaincre de décréter par écrit la destitution de ses ministres et le retrait de ses ordonnances. Mais il n'accepta pas. On lui envoya alors plusieurs mandataires chargés d'en appeler à sa compréhension et  le supplier d'accepter.  Mais ce fut peine perdue comme perdues sont les larmes versées sur les vestiges d'un campement abandonné (2).

"Ils lui firent alors savoir que la population n'accepterait en aucun cas son refus et qu'il serait sans doute tenu pour responsable de nouveaux désordres plus graves encore. Mais il répondit que sa position était inébranlable.

"Toutefois, lorsqu'il réalisa que son refus de la réconciliation menait son pouvoir au bord de la ruine définitive, il manda faire savoir qu'il acceptait enfin la paix. Mais on lui répondit qu'il n'y avait plus lieu de conclure la paix;  Le temps de la réconciliation  était révolu. II n'avait pas réfléchi aux conséquences (de ses actes). Or qui sème le vent récolte la tempête (3). S'il s'était montré plus perspicace, rien de tout cela ne serait  arrivé.

Entrée en scène de Louis-Philippe, duc d'Orléans

"Le 30 juillet, les députés tombèrent d'accord pour envoyer une délégation auprès du  duc d'Orléans, parent du roi au deuxième degré (4) afin de lui exprimer leur souhait de le voir assumer la charge de Lieutenant (5) du Royaume jusqu'à ce qu'un nouveau Parlement s'accorde sur la personnalité qui prendrait les rênes du pouvoir.















31 juillet 1830. Le duc d'orléans quitte le Palais Royal
 à cheval pour se rendre à l'Hôtel de Ville (Horace Vernet)


"Le duc d'Orléans se trouvait hors de Paris mais dès que lui parvint la nouvelle de la décision des députés, il s'y rendit . Arrivé le 31 juillet. Il descendit à l'Hôtel de Ville et exprima son approbation aux membres de  la Chambre. Dès son entrée, Il prononça un discours grandiose sur les raisons qui l'avaient conduit à accepter leur proposition: 'J'ai été saisi d'une immense tristesse voyant ce qui s'est produit à Paris à cause de la violation des lois ou de  leur interprétation perverse. C'est pour quoi j'ai répondu présent et suis venu parmi vous afin de sauver le pays de la faillite; Et Il me faut revêtir avec vous l'emblème aux trois couleurs comme je l'ai souvent fait dans mon jeune âge'.















vignette mntrant Louis-Philippe
brandissant le drapeau tricolore

"Il acheva son discours en affirmant qu'à compter de ce moment le charte constitutionnelle était à nouveau en vigueur en vertu du Droit, c'est-à-dire que  désormais force était aux lois du royaume s'imposant à tous sans exception en tant qu'expression du Droit (6).

"Cette phrase est restée pour les Français un exemple parmi les exemples et ses mots résonnent  en Français dans une ferveur sans égale.

"Charles X  estima alors que le moment était venu d'abandonner le pouvoir et d'abdiquer en faveur de son fils, le dauphin.

"Cela se passait à Saint-Cloud.  Le jour-même,  le dauphin sortit,  fit rassembler les militaires sur une place et leur fit savoir que le son père lui avait cédé la  la couronne. Les soldats reçurent cette nouvelle avec dédain sans manifester d'intérêt. Le roi, entre-temps s'en était allé dans la nuit du 29 juillet en compagnie de son Conseil et de sa Maison. Le dauphin, resté seul, attendant la suite des événements, fit venir les militaires de son entourage pour les inspecter. Comprenant qu'ils ne désiraient pas se battre à ses côtés, il se résolut à quitter Saint-Cloud. Quelques heures seulement après son départ, le drapeau tricolore était déployé sur le palais, résidence du souverain  en cette ville.

"Le 1-er août, la famille royale arrive à Rambouillet. Le lendemain, Charles X et son fils le Dauphin font parvenir à leur parent le duc d'Orléans une note l'informant de leur décision d'abdiquer en faveur du duc de Bordeaux, petit-fils du roi et neveu du Dauphin et l'instituant tuteur et mandataire du garçon  jusqu'à sa majorité
(8). Ils lui demandaient aussi de leur envoyer une escorte pour assurer leur départ de France.

"Le duc d'Orléans exposa cela aux membres de la chambre. Les députés n'acceptèrent pas l'abdication (du roi et de son fils en faveur du duc de Bordeaux) mais acceptèrent d'envoyer une délégation de hautes personnalités chargée d'assurer leur départ de France. Lorsqu'on apprit à Paris que le roi refusait de partir (dans ces conditions), on envoya un groupe de militaire pour le contraindre à quitter immédiatement la France. Il se résigna à partir et s'en fut en Angleterre.

Le poète dit à ce propos:

"Capricieux est le destin
"Un jour il t'accorde la gloire
"Et l'humiliation le lendemain."

الدهر طوراّ بعز
يقضي وطوراً بهون

"Pendant ce temps, son cousin, lieutenant du Royaume se trouvait à Paris et c'est à lui et aux chambres qu'appartenait désormais le pouvoir d'ordonner et d'interdire. La première décision qu'il prit fut de conserver le drapeau tricolore, emblème de la liberté de la Nation française. Il ouvrit ensuite la chambre des députés et la chambre des pairs. La tradition voulait qu'à l'ouverture de la chambre des députés, le roi prononçât de sa tribune un discours éloquent exposant les actions qu'il avait jusqu'alors accomplies pour le bien du pays et celles qu'il entendait à nouveau mettre en oeuvre.

"En sa qualité de Lieutenant (5) du Royaume, le duc monta à la tribune et prononça un bref discours pour exprimer sa tristesse face à la gravité des événements qui s'étaient produits à Paris à la suite de la violation des lois du Royaume (8) .

"Quand il eut terminé, il remit à la chambre la note que lui avaient adressée Charles X et son fils, le Dauphin, note dans laquelle ceux-ci déclaraient abdiquer la couronne en faveur du Duc de Bordeaux. Celui-ci serait appelé Henri V puisque quatre rois nommés Henri avaient précédemment régné sur la France.

"Sur ce, le Lieutenant du Royaume (5) sortit. La chambre se réunirait dès lors chaque jour.


1) Le dauphin Louis-Antoine, duc d'Angoulême
2) Thème emprunté à la poésie arabe élégiaque pré-islamique أضيع من دمع على طل
3) Nous utilisons un aphorisme français de sens analogue à l'arabe "l'inconséquence conduit à la catastrophe" من لم يتبصر في العواقب لقي النوائب
4) En fait, cousin du roi.
5) Plus exactement Lieutenant-général du Royaume
6) les passages en italiques sont très proches des paroles historiques prononcées par le duc d'Orléans et qui s'achèvent par: "la Charte sera désormais une vérité". En fait, le mot Haqq  حقّ utilisé par Tahtaoui signifie aussi bien la Vérité que le Droit.
7) Henri, duc de Bordeaux, était âg
é de dix ans.
8) Allusion aux ordonnances de Saint-Cloud

Publié dans Histoire

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