UN ÉGYPTIEN À PARIS (32)
Sous Charles-X et Louis-Philippe
Le regard de Rifaat at-Tahtaoui se porte sur les collèges et institutions prestigieuses
"Il existe à Paris des écoles d'état appelées collèges (1). On y enseigne les sciences importantes destinées à des applications précises. Ces collèges sont au nombre de cinq où sont enseignés la dissertation et la composition, les langues étrangères anciennes, les mathématiques, l'histoire, la géographie, la philosophie, les principes fondamentaux des sciences naturelles, le dessin et la calligraphie (2).

Lycée Condorcet , appelé auparavant Lycée impérial
Bonaparte (1805–1814) puis Collège royal de Bourbon (1815–1848)
"Les étudiants de ces collèges sont répartis par classes. Ils passent chaque année d'une classe à une autre supérieure sur une durée de six ans, degré après degré, sans exception et non en fonction du niveau intellectuel de chacun.
"Outre ces cinq écoles, il y a le Collège de France, qui est le plus important de tous.
On y étudie les mathématiques, la physique théorique et appliquée, l'astronomie, la médecine et l'anatomie pratiques. On y apprend aussi les langues, à savoir
l' Arabe, le Persan, le Turc, l'Hébreu, le Hindi, la langue de la Chine et les sciences de ce pays, la langue des Tatars, la sagesse des grecs, c'est-à-dire la philosophie hellénistique, la rhétorique et l'éloquence latines ainsi que la rhétorique française. Les plus éminents savants y enseignent à six mille étudiants (3).

le Collège de France et la statue de Guillaume Budé
son créateur sous François 1er
"Entre autres écoles parmi les plus célèbres, il y a l'Ecole Polytechnique, ce qui signifie École de toutes les sciences (4). On y étudie les mathématiques, la physique pour la formation de géomètres et de spécialistes du génie militaire. Les géomètres étudient la construction de ponts, chaussées, routes, digues et bassins ainsi que la mise en oeuvre de toutes sortes d'appareils mécaniques et engins de levage. Les architectes militaires étudient les plans de forteresses, fortifications, tours et autres moyens de protection contre les dommages pouvant être causés par l'ennemi ainsi que les dispositifs d'interposition défensifs et l'industrie poudrière.

Polytecniciens en uniforme
"Les maîtres enseignant dans cette école sont des savants confirmés aux connaissances encyclopédiques et le simple fait de figurer parmi leurs élèves constitue un gage de supériorité".
L'imam Tahtaoui poursuit sa relation par l'énumération d'une longue suite d'établissements d'enseignement des différentes disciplines dans les domaines des sciences, de la linguistique de l'étude des langues anciennes et orientales, de l'archéologie, de l'épigraphie , des arts décoratifs dont il ne mentionne pas les noms et qu'il serait fastidieux d'exposer.
On relèvera toutefois, d'après son énoncé, l'Ecole des Mines, l'Ecole des Ponts et Chaussées, le Conservatoire national de musique, des centres expérimentaux concernant l'agriculture, l'horticulture et la zoologie appliquée, notamment dans le croisement des races bovine et chevaline.
Tahtaoui s'attarde plus particulièrement sur l'institut des sourds-muets qui accueille, dit-il, les enfants de 11 à 16 ans, à qui on enseigne la lecture, l'écriture, la grammaire, l'histoire, la géographie et à qui on propose l'apprentissage d'un métier dans les secteurs de la cuisine, la couture, la menuiserie, la gravure, la cordonnerie etc. (5)

L'Abbé de l'Épée bienfaiteur
des sourds-muets
Il parle également de l'Ecole des aveugles, qui , nous dit-il, "apprennent la lecture à l'aide d'une écriture spéciale qu'ils déchiffrent par le toucher de leur main"(6). "Ils étudient aussi la géographie de cette même manière à l'aide de cartes spéciales", ajoute-t-il. "Ils apprennent également l'histoire, les langues, les mathématiques, le chant et la musique instrumentale et un atelier est à leur disposition pour l'apprentissage de métiers manuels comme notamment la fabrication de chaussons". (7)

Louis Braille d'après un
daguerréotype. Doc. Lewis Urry
L'auteur note l'existence à Paris d'environ cent cinquante pensionnats d'enseignement général où "les enfants sont logés et nourris moyennant le paiement annuel par leurs parents d'une somme déterminée."
"On trouve enfin, dit-il, des maisons dont les propriétaires instruits accueillent des enfants à qui ils fournissent l'alimentation et la boisson et dispensent eux-même ou font dispenser par un tiers un enseignement scolaire."
1) En Français dans le texte, transcrit en caractères arabes. Sous la Restauration, entre 1815 et 1848, les lycées étaient appelés Collèges royaux.
2) Ces cinq collèges sont devenus les lycées Condorcet, Louis-le-Grand, Charlemagne, Henri-IV et Saint-Louis.
3) Le collège de France a été créé par François-1er sous l'influence de son conseiller, l'érudit Guillaume Budé, dont la statue orne aujourd'hui encore la cour de l'établissement, situé place Marcelin-Berthelot dans le Ve arrondissement de Paris. Cet établissement a conservé l'orientation voulue par Budé, notamment dans le domaine des langues et cultures étrangères.
4) En Français, transcrit en caractères arabes avec son éthymologie. Polytechnique a été Créée en 1794 à l'initiative de Napoléon, qui lui conféra un statut militaire et une devise: "Pour la patrie, les sciences et la gloire". les élèves de polytechnique ont pris fait et cause pour la révolution de 1830, dite des "Trois Glorieuses", qui instaura la monarchie de Juillet avec Louis-Philippe pour "Roi Citoyen".
5) Créée en 1760 par Charles Michel de l'Épée, dit l'Abbé de l'Épée (1712-1789), qui eut l'idée du langage des signes, développé ensuite naturellement par les élèves eux-mêmes.
6) Il s'agit du système d'écriture inventé en 1821 par Louis Braille , lui-même devenu aveugle accidentellement dans sa jeunesse. Né en 1809, il est mort en 1852 dans l'établissement de l'Institution nationale des jeunes aveugles situé Boulevard des Invalides à Paris.
7) Louis Braille, à l'âge de 14 ans était devenu contremaître dans cet atelier de passementerie appelé "Atelier de chaussons, tresses et lisières"
Le regard de Rifaat at-Tahtaoui se porte sur les collèges et institutions prestigieuses
"Il existe à Paris des écoles d'état appelées collèges (1). On y enseigne les sciences importantes destinées à des applications précises. Ces collèges sont au nombre de cinq où sont enseignés la dissertation et la composition, les langues étrangères anciennes, les mathématiques, l'histoire, la géographie, la philosophie, les principes fondamentaux des sciences naturelles, le dessin et la calligraphie (2).

Lycée Condorcet , appelé auparavant Lycée impérial
Bonaparte (1805–1814) puis Collège royal de Bourbon (1815–1848)
"Les étudiants de ces collèges sont répartis par classes. Ils passent chaque année d'une classe à une autre supérieure sur une durée de six ans, degré après degré, sans exception et non en fonction du niveau intellectuel de chacun.
"Outre ces cinq écoles, il y a le Collège de France, qui est le plus important de tous.
On y étudie les mathématiques, la physique théorique et appliquée, l'astronomie, la médecine et l'anatomie pratiques. On y apprend aussi les langues, à savoir
l' Arabe, le Persan, le Turc, l'Hébreu, le Hindi, la langue de la Chine et les sciences de ce pays, la langue des Tatars, la sagesse des grecs, c'est-à-dire la philosophie hellénistique, la rhétorique et l'éloquence latines ainsi que la rhétorique française. Les plus éminents savants y enseignent à six mille étudiants (3).

le Collège de France et la statue de Guillaume Budé
son créateur sous François 1er
"Entre autres écoles parmi les plus célèbres, il y a l'Ecole Polytechnique, ce qui signifie École de toutes les sciences (4). On y étudie les mathématiques, la physique pour la formation de géomètres et de spécialistes du génie militaire. Les géomètres étudient la construction de ponts, chaussées, routes, digues et bassins ainsi que la mise en oeuvre de toutes sortes d'appareils mécaniques et engins de levage. Les architectes militaires étudient les plans de forteresses, fortifications, tours et autres moyens de protection contre les dommages pouvant être causés par l'ennemi ainsi que les dispositifs d'interposition défensifs et l'industrie poudrière.

Polytecniciens en uniforme
"Les maîtres enseignant dans cette école sont des savants confirmés aux connaissances encyclopédiques et le simple fait de figurer parmi leurs élèves constitue un gage de supériorité".
L'imam Tahtaoui poursuit sa relation par l'énumération d'une longue suite d'établissements d'enseignement des différentes disciplines dans les domaines des sciences, de la linguistique de l'étude des langues anciennes et orientales, de l'archéologie, de l'épigraphie , des arts décoratifs dont il ne mentionne pas les noms et qu'il serait fastidieux d'exposer.
On relèvera toutefois, d'après son énoncé, l'Ecole des Mines, l'Ecole des Ponts et Chaussées, le Conservatoire national de musique, des centres expérimentaux concernant l'agriculture, l'horticulture et la zoologie appliquée, notamment dans le croisement des races bovine et chevaline.
Tahtaoui s'attarde plus particulièrement sur l'institut des sourds-muets qui accueille, dit-il, les enfants de 11 à 16 ans, à qui on enseigne la lecture, l'écriture, la grammaire, l'histoire, la géographie et à qui on propose l'apprentissage d'un métier dans les secteurs de la cuisine, la couture, la menuiserie, la gravure, la cordonnerie etc. (5)

L'Abbé de l'Épée bienfaiteur
des sourds-muets
Il parle également de l'Ecole des aveugles, qui , nous dit-il, "apprennent la lecture à l'aide d'une écriture spéciale qu'ils déchiffrent par le toucher de leur main"(6). "Ils étudient aussi la géographie de cette même manière à l'aide de cartes spéciales", ajoute-t-il. "Ils apprennent également l'histoire, les langues, les mathématiques, le chant et la musique instrumentale et un atelier est à leur disposition pour l'apprentissage de métiers manuels comme notamment la fabrication de chaussons". (7)

Louis Braille d'après un
daguerréotype. Doc. Lewis Urry
L'auteur note l'existence à Paris d'environ cent cinquante pensionnats d'enseignement général où "les enfants sont logés et nourris moyennant le paiement annuel par leurs parents d'une somme déterminée."
"On trouve enfin, dit-il, des maisons dont les propriétaires instruits accueillent des enfants à qui ils fournissent l'alimentation et la boisson et dispensent eux-même ou font dispenser par un tiers un enseignement scolaire."
1) En Français dans le texte, transcrit en caractères arabes. Sous la Restauration, entre 1815 et 1848, les lycées étaient appelés Collèges royaux.
2) Ces cinq collèges sont devenus les lycées Condorcet, Louis-le-Grand, Charlemagne, Henri-IV et Saint-Louis.
3) Le collège de France a été créé par François-1er sous l'influence de son conseiller, l'érudit Guillaume Budé, dont la statue orne aujourd'hui encore la cour de l'établissement, situé place Marcelin-Berthelot dans le Ve arrondissement de Paris. Cet établissement a conservé l'orientation voulue par Budé, notamment dans le domaine des langues et cultures étrangères.
4) En Français, transcrit en caractères arabes avec son éthymologie. Polytechnique a été Créée en 1794 à l'initiative de Napoléon, qui lui conféra un statut militaire et une devise: "Pour la patrie, les sciences et la gloire". les élèves de polytechnique ont pris fait et cause pour la révolution de 1830, dite des "Trois Glorieuses", qui instaura la monarchie de Juillet avec Louis-Philippe pour "Roi Citoyen".
5) Créée en 1760 par Charles Michel de l'Épée, dit l'Abbé de l'Épée (1712-1789), qui eut l'idée du langage des signes, développé ensuite naturellement par les élèves eux-mêmes.
6) Il s'agit du système d'écriture inventé en 1821 par Louis Braille , lui-même devenu aveugle accidentellement dans sa jeunesse. Né en 1809, il est mort en 1852 dans l'établissement de l'Institution nationale des jeunes aveugles situé Boulevard des Invalides à Paris.
7) Louis Braille, à l'âge de 14 ans était devenu contremaître dans cet atelier de passementerie appelé "Atelier de chaussons, tresses et lisières"