La Crise, le banquier et le petit entrepreneur
Fabliau en forme d'aspirine
Voici la fort triste histoire d'un petit entrepreneur sans plus un sou en poche mais la tête pleine de projets prometteurs de futurs profits.
Mais voilà qu'apparut la crise financière. Le petit entrepreneur, entreprit (comme son nom l'indique) de faire le tour des banques pour obtenir le tant désiré prêt qui lui permettrait de mener à bien ses projets.
Il vit donc un banquier, puis un deuxième, puis un troisième et ainsi de suite, banquier après banquier sans obtenir le moindre succès. Choux blanc, visage fermé et tiroir caisse itou.

Le banquier et capitaine d'industrie Mirès
(1809-1871) de Nadar dans le "Crapouillot"
Mais le Grand Sarkamoushi ayant appelé les banquiers a faire preuve de civisme et de générosité patriotique, le petit entrepreneur finit par trouver un financier qui, à contre-coeur il faut bien le dire, s'efforça de se montrer un peu compréhensif.
Mon cher ami! dit le banquier au petit entrepreneur, vous savez bien qu'on ne prête qu'aux riches et d'ailleurs nous ne prêtons que ce que nous avons nous-mêmes emprunté, vous voyez le topo? Or vous êtes sans le sou et moi je ne suis pas l'Abbé Pierre.
Mais rassurez-vous! puisque le Grand Sarkamoushi le veut, je vais consentir un petit geste car en plus vous m'êtes très sympathique bien que vous ne fréquentiez pas mon club de golf.
Alors voilà, vous savez qu'on n'a rien sans rien. Vous allez devoir vous soumettre à un petit test. Concentrez-vous, regardez-moi droit et attentivement dans les yeux. L'un des deux est en verre mais grâce à mes sous j'ai obtenu le "top du top". Si vous devinez lequel des deux est en verre je vous accorde le prêt. Sinon "Peau d'balle et balai d'crin".
Le petit entrepreneur fixa le banquier dans les yeux et dit sans hésiter une seconde: Votre oeil de verre c'est celui de gauche! Ah ça alors! fit le banquier. Comment avez-vous trouvé comme ça d'un seul coup sans hésiter, malgré l'enjeu?
C'est simple répondit le petit entrepreneur, c'est le seul qui ait une lueur d'humanité.
Comme quoi faut jamais désespérer et chantons tous en choeur: "Le monde avait un jambe de bois et de l'autre il boitait bas....." Mais ça ira, ça ira, ça ira! On sait pas où, mais on ira"!