ENTRE LE DÉRISOIRE ET L'APOCALYPSE

Publié le par Yaqzan




Fin de l'An 8 du XXI-ème siècle, fêtons Noël puis  le premier jour de l'An 9. Les villes s'enguirlandent de lumières, les sapins foisonnent, les truffes de chocolats s'habillent de papier doré, la chasse aux cadeaux est en marche. Il n'y a rien de plus naturel,  même si Noël, pour la plupart d'entre nous, a perdu son caractère spirituel  tout comme ses racines païennes. Noël, religieux ou non, permet de faire plaisir aux enfants, et le jour de l'An , fête nationale civile, de réunir famille et amis autour de la table de fête.

Personnellement, ma lointaine enfance passée et mon proche entourage religieux évanoui, je n'ai jamais vraiment goûté ces festivités post-sacrées  et aujourd'hui plus particulièrement j'en découvre le caractère amèrement dérisoire.

L'an 9 du XXI-ème siècle va inéluctablement déboucher sur une catastrophe sociale et économique aux conséquences humaines sans précédent pour les gens  d'aujourd'hui. Je veux bien sûr parler des conséquences attendues de la crise financière dont les états ont bien tardivement pris conscience après avoir laissé pendant près de vingt ans la bride sur le cou au capitalisme financier spéculatif dans sa course effrénée. Tout aussi dérisoires sont les mesures annoncées par les états. Dérisoires parce que trop tardives et surtout insuffisantes, palliatif de court terme, traitement symptomatique, simple cachet d'aspirine face à un rouleau compresseur qui va écraser la société et provoquer sans aucun doute de violents troubles sociaux avec l'explosion du chômage et une chute brutale des revenus des familles déjà sérieusement affligées.

Et alors que la catastrophe s'annonce au point que les responsables politiques ne dissimulent même plus leur inquiétude -ce qui est fort exceptionnel- on nous parle   à longueur de semaine et on débat à l'Assemblée du problème du travail du dimanche, de la suppression de la publicité à la Télévision, de la nomination du Président de l'audiovisuel public. Le dérisoire franchit ici la barrière de l'impudique.

Mais le dérisoire prend une dimension gigantesque quand on considère que tous les malheurs que je viens d'évoquer ne sont rien comparés au cataclysme qui menace l'humanité. La mondialisation n'est pas un vain mot car si des mesures sont nécessaires pour sauver ce qui peut encore l'être, c'est à l'échelle du monde qu'il faut les prendre et non plus à celle des états. L'idéal serait évidemment une "gouvernance" mondiale mais  dans les court et  moyen terme cela reste du domaine de l'utopie au vu de l'exacerbation ou de la simple persistance des sentiments nationalistes jaloux.

Selon les prévisions de l'ONU, la population mondiale actuellement de 6,4 milliards d'individus va s'accroître de plus de trois milliards au cours des 70 prochaines années. Pour le plus long terme ce n'est qu'incertitude. Mais en tout état de cause cette croissance se fait déjà sentir depuis des années et  va s'amplifier. Or, cette amplification survient dans un contexte de disparités sociales considérables aux effets psychologiques exacerbés par la facilité et la rapidité de la transmission de l'information à travers les continents.

L'une des conséquences premières sera un mouvement migratoire intercontinental incontrôlable et irrépressible comme l'humanité en a connu tout au long de son histoire. Il est totalement illusoire de penser endiguer de tels mouvements de populations par des barrières policières ou même matérielles (le mur dressé entre les USA et le Mexique par exemple).

Il sera, dans ce schéma, tout aussi illusoire de s'imaginer que les nations pourront sauvegarder intactes leurs identités et  valeurs culturelles essentielles. Le brassage est inéluctable et s'accompagnera forcément de tensions intercommunautaires avant d'aboutir à un hypothétique métissage pacifique. On le constate déjà chez-nous en France et presque partout ailleurs.

Par le passé, les crises économiques ont été réglées par des guerres meurtrières, aussitôt suivies de périodes de prospérité (Les "Trente Glorieuses" de l'après-1945) et la croissance de la population mondiale auto-régulée par de gigantesques épidémies ou massacres.

Malheureusement, ce qui un jour s'est produit peut se reproduire un autre jour. Les Américains ont construit l'arme nucléaire pour s'en servir à Hiroshima et Nagasaki et l'ont ensuite développé pour ne plus s'en servir et la convertir en moyen de dissuasion.

Aujourd'hui, divers pays disposent de l'arme nucléaire dont l'utilisation éventuelle est décidée en dernier ressort par le chef de l'état. Nous connaissons les chefs d'état de ces pays mais nous ne connaissons pas ceux qui seront appelés un jour ou l'autre à leur succéder. Dans nos pays occidentaux où le rationnel l'emporte sur le sacré la question ne se pose pas aujourd'hui et l'option de la dissuasion y reste en vigueur. Mais il est des pays disposant ou en passe de disposer de l'arme suprême où le sacré l'emporte sur le rationnel et, plus grave encore, où des mouvements doctrinaires radicaux vivent dans le temps eschatologique et n'ont de ce fait aucune crainte de l'apocalypse pas plus qu'ils n'en ont de la mort, comme le démontre l'usage des bombes humaines. Or, de tels mouvements peuvent un  jour accéder au pouvoir. Ne pas imaginer le pire relève de l'aveuglement.

Pessimiste ou simplement lucide, je  souhaite cependant  à tous de bonnes fêtes. Profitons du temps qui passe de la meilleure façon possible. Continuons d'alimenter nos blogs avec des questions de société, des récits historiques ou humoristiques, des images d'ici et d'ailleurs, même si dans le sinistre tableau que je viens de dresser, cela peut également paraître dérisoire.


Publié dans Humeurs

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