UN ÉGYPTIEN À PARIS (20)
Sous Charles-X et Louis-Philippe
Les établissements de bains dans le Paris du XIX-ème siècle
L'Imam Rifaat at-Tahtaoui observe l'intérêt des parisiens pour l'hygiène corporelle et l'exercice physique
"Si la sagesse exige de prendre soin de la santé du corps, on peut dire que les Francs forment la plus sage des nations tant ils y attachent d'attention que ce soit dans la mise au point des instruments ou l'élaboration des méthodes nécessaires. Ils manifestent le plus grand empressement dans la mise en oeuvre de tout ce qui profite à la santé comme les bains d'eaux chaudes ou froides, l'entraînement à l'effort physique le plus dur, comme la nage, l'équitation et les jeux par lesquels le corps acquiert souplesse et agilité. (1)
Etablissement de bains à droite sur l'image
"Les bains à Paris sont de diverses sortes. Ils sont en vérité plus propres que ceux d'Egypte (hammams) bien qu'en général moins pratiques, moins bien construits et moins beaux que ces derniers. Les établissements de bains de Paris sont composés de cabines équipées pour chacune d'une baignoire de cuivre où il n'y a place que pour une seule personne bien qu'il y ait aussi quelques cabines équipées de deux baignoires. Il n'y a pas à Paris de salles de bains collectives comme en Egypte mais ceci est préférable eu égard à la pudeur. Il n'y a ainsi aucune possibilité pour un homme d'observer les "parties honteuses" d'autrui. A cet égard on observe que dans les cabines pour deux individus, ceux-ci sont séparés par un rideau les protégeant mutuellement du regard.
Baignoire d'époque en cuivre
"Le bain est bien moins agréables dans ces petites baignoires que dans les "hammams". Les personnes n'y transpirent absolument pas car l'eau seule est chaude et non pas la cabine. Toutefois, s'il est conseillé à quelqu'un de prendre un bain de vapeur, il le peut mais le tarif est différent.
"Habituellement, les établissements de bains parisiens sont divisés en deux sections, l'une pour les hommes et l'autre pour les femmes. Mis à part les établissements de bains fixes, il y a du matériel de bain itinérant destiné aux malades et autres personnes qui veulent se baigner à domicile. Ce matériel est transporté dans une voiture-citerne composée de deux compartiments, l'un pour l'eau chaude et l'autre pour l'eau froide. La voiture transporte également une baignoire que l'on installe dans la maison du client et une fois que celui-ci s'est baigné, l'eau est le matériel sont rapportés à l'établissement de bains.(2)
"On trouve aussi des établissement où les personnes atteintes de certaines affections se rendent pour baigner la partie malade de leur corps. Cela est appelé "demi-bain".
"Paris compte de nombreux établissements de bains parmi lesquels une trentaine sont plus particulièrement réputés.
"En ce qui concerne les pratiques bienfaisantes pour la santé, Paris dispose de trois écoles de natation installées sur la Seine ainsi que d'autres où l'on pratique des exercices corporels qui rendent le corps apte à des choses étonnantes comme l'acrobatie et la lutte notamment."
(1) Le XIX-ème siècle a été à Paris l'âge d'or du renouveau de l'hygiène corporelle et des soins de la peau sous l'influence du corps médical de l'époque et grâce au développement considérable de l'adduction d'eau saine et de l'évacuation des eaux usées par la construction d'égouts. Certains moralistes de l'époque ont émis de sérieuses réserves sur l'usage des baignoires, qui, selon eux, pouvait inciter à des "plaisirs solitaires". Ces progrès n'ont pas empêché l'épidémie de choléra qui a fait 20.000 morts à Paris en 1832.
Cadavres sur la rue pendant l'épidémie (Daumier)
(2) "Célébrités de la rue", ouvrage édité en 1868 et cité par "Paris Pittoresque", raconte une des facéties de l'extravagant m. de Saint-Cricq, qui, un jour des années 30 du XIX-ème siècle commanda un bain à domicile dans six établissements différents pour la même heure. Cela provoqua un grand charivari dans la cour de son domicile.
Les établissements de bains dans le Paris du XIX-ème siècle
L'Imam Rifaat at-Tahtaoui observe l'intérêt des parisiens pour l'hygiène corporelle et l'exercice physique
"Si la sagesse exige de prendre soin de la santé du corps, on peut dire que les Francs forment la plus sage des nations tant ils y attachent d'attention que ce soit dans la mise au point des instruments ou l'élaboration des méthodes nécessaires. Ils manifestent le plus grand empressement dans la mise en oeuvre de tout ce qui profite à la santé comme les bains d'eaux chaudes ou froides, l'entraînement à l'effort physique le plus dur, comme la nage, l'équitation et les jeux par lesquels le corps acquiert souplesse et agilité. (1)
Etablissement de bains à droite sur l'image
"Les bains à Paris sont de diverses sortes. Ils sont en vérité plus propres que ceux d'Egypte (hammams) bien qu'en général moins pratiques, moins bien construits et moins beaux que ces derniers. Les établissements de bains de Paris sont composés de cabines équipées pour chacune d'une baignoire de cuivre où il n'y a place que pour une seule personne bien qu'il y ait aussi quelques cabines équipées de deux baignoires. Il n'y a pas à Paris de salles de bains collectives comme en Egypte mais ceci est préférable eu égard à la pudeur. Il n'y a ainsi aucune possibilité pour un homme d'observer les "parties honteuses" d'autrui. A cet égard on observe que dans les cabines pour deux individus, ceux-ci sont séparés par un rideau les protégeant mutuellement du regard.
Baignoire d'époque en cuivre
"Le bain est bien moins agréables dans ces petites baignoires que dans les "hammams". Les personnes n'y transpirent absolument pas car l'eau seule est chaude et non pas la cabine. Toutefois, s'il est conseillé à quelqu'un de prendre un bain de vapeur, il le peut mais le tarif est différent.
"Habituellement, les établissements de bains parisiens sont divisés en deux sections, l'une pour les hommes et l'autre pour les femmes. Mis à part les établissements de bains fixes, il y a du matériel de bain itinérant destiné aux malades et autres personnes qui veulent se baigner à domicile. Ce matériel est transporté dans une voiture-citerne composée de deux compartiments, l'un pour l'eau chaude et l'autre pour l'eau froide. La voiture transporte également une baignoire que l'on installe dans la maison du client et une fois que celui-ci s'est baigné, l'eau est le matériel sont rapportés à l'établissement de bains.(2)
"On trouve aussi des établissement où les personnes atteintes de certaines affections se rendent pour baigner la partie malade de leur corps. Cela est appelé "demi-bain".
"Paris compte de nombreux établissements de bains parmi lesquels une trentaine sont plus particulièrement réputés.
"En ce qui concerne les pratiques bienfaisantes pour la santé, Paris dispose de trois écoles de natation installées sur la Seine ainsi que d'autres où l'on pratique des exercices corporels qui rendent le corps apte à des choses étonnantes comme l'acrobatie et la lutte notamment."
(1) Le XIX-ème siècle a été à Paris l'âge d'or du renouveau de l'hygiène corporelle et des soins de la peau sous l'influence du corps médical de l'époque et grâce au développement considérable de l'adduction d'eau saine et de l'évacuation des eaux usées par la construction d'égouts. Certains moralistes de l'époque ont émis de sérieuses réserves sur l'usage des baignoires, qui, selon eux, pouvait inciter à des "plaisirs solitaires". Ces progrès n'ont pas empêché l'épidémie de choléra qui a fait 20.000 morts à Paris en 1832.
Cadavres sur la rue pendant l'épidémie (Daumier)
(2) "Célébrités de la rue", ouvrage édité en 1868 et cité par "Paris Pittoresque", raconte une des facéties de l'extravagant m. de Saint-Cricq, qui, un jour des années 30 du XIX-ème siècle commanda un bain à domicile dans six établissements différents pour la même heure. Cela provoqua un grand charivari dans la cour de son domicile.