UN ÉGYPTIEN Á PARIS (16)
Sous Charles-X et Louis-Philippe
De la mode parisienne
Rifaat at-Tahtaoui nous parle chiffons
Sobriété masculine
"Les "Francs" -nous le savons- ont pour couvre-chef un chapeau que nous appelons chez-nous "borneyta" (1). Ils se chaussent de souliers noirs et leurs vêtements sont pour la plupart de drap également noir. Les Français eux-mêmes (2) s'habillent généralement de cette manière si ce n'est qu'ils ne s'imposent pas tous le port d'un habit bien défini mais le choisissent selon la mode en cours.

"En général l'habit des français n'est pas agrémenté de fioritures mais se distingue par sa très grande propreté et l'usage de vêtements de dessous comme les chemises, les caleçons et les gilets. Les gens aisés changent de vêtements plusieurs fois par semaines. Ils se prémunissent ainsi contre les insectes. Aussi ignorent-ils ce que sont les poux et autres parasites, au contraire des gens qui vivent dans la grande pauvreté. (3)
Séduction féminine
"Le vêtement des femmes françaises est fort joli mais parfois quelque peu indécent surtout lorsqu'elles l'enrichissent de leurs plus beaux atours. Elles ne portent toutefois pas de nombreux bijoux mais seulement des boucles d'oreille, des bracelets d'or par dessus les manches de leur vêtement et un léger collier autour de leur cou, qu'elles ont long et fin. Elles ignorent totalement les anneaux de pieds (4).

"Le vêtement des Françaises est fait de fins tissus de soie, de calicot ou de léger taffetas. Par temps froid, elles portent au cou une longue écharpe de fourrure dont elles laissent pendre les deux pans presque jusqu'aux pieds, à la manière d'un châle. Elles ont aussi coutume de nouer par dessus leur vêtement une légère ceinture qui fait ressortir à la fois la finesse de leur taille et la rondeur de leur fessier.
"Les femmes, d'habitude, fixent à leur ceinture une tige métallique qui s'applique du ventre jusqu'à la poitrine afin de maintenir leur taille parfaitement droite. Elles utilisent (pour s'embellir) de nombreuses astuces que l'homme ne peut qu'apprécier. ainsi ne laissent-elles pas flotter leur chevelure comme le font habituellement les femmes arabes . Au lieu de cela, elles ramassent leurs cheveux sur le dessus de la tête et les fixent avec un peigne ou autre chose du même genre.
"Par temps de chaleur elles dévoilent certaines parties de leur corps. Elles se découvrent notamment de la tête jusqu'au dessus des seins et exposent la nudité de leur dos. Au bal, elles dansent les bras nus et, cela mis à part, on ne compte plus les atteintes à la décence tant elles sont nombreuses chez les gens de ce pays.
"En revanche, il n'est pas question pour les Françaises de dévoiler jamais la moindre partie de leurs jambes. Elles portent toujours des bas, en particulier lorsqu'elles marchent dans les rues. A vrai dire, leurs jambes ne sont guère charnues (5).

"En situation de deuil, les Français portent un signe distinctif pendant un temps déterminé. L'homme le porte au chapeau, la femme à son vêtement. La durée du deuil varie d'un an et six semaines à deux mois selon le degré de parenté avec le défunt ou la défunte.
"Les ventes de drap à Paris représentent environ un million de Francs. Celles de la soie trois millions et celles de la fourrure un million. Ce dernier montant s'explique par le fait que les fourrures sont tout spécialement confectionnées pour les gens de Paris.
fausses barbes et perruques
"Le commerce des cheveux destinés aux personnes atteintes de calvitie ou dont la chevelure est en mauvais état est courant à Paris. De ces cheveux achetés à des particuliers, on confectionne des perruques, de fausses barbes et de fausses moustaches. Cette pratique remonte à l'époque de Louis-XIV, lequel n'enlevait sa perruque que pour dormir. Aujourd'hui, la coutume ne concerne plus que les chauves et autres personnes à la chevelure déficiente.
"Curieusement, la mode de la perruque a aujourd'hui atteint l'Egypte, où elle a été adoptée par les femmes du Caire."
(1)
Le mot est jusqu'à présent utilisé au proche-Orient. Il vient de l'Italien Biretta qui a donné le Français barrette (coiffure ecclésiastique ou universitaire).
(2)
Ici Tahtaoui fait clairement la distinction entre "Francs" (Européens) et "fransawiya" (Français).
(3)
Avec le développement de l'adduction d'eau et la multiplication des établissements de bains, le règne de Louis-Philippe se distingue par une forte progression de l'hygiène publique.
(4) Il s'agit des "Khalakhil" en usage en Orient à l'époque et jusqu'à présent en milieu rural.
(5) On connaît le faible des Orientaux pour les femmes bien en chair.
De la mode parisienne
Rifaat at-Tahtaoui nous parle chiffons
Sobriété masculine
"Les "Francs" -nous le savons- ont pour couvre-chef un chapeau que nous appelons chez-nous "borneyta" (1). Ils se chaussent de souliers noirs et leurs vêtements sont pour la plupart de drap également noir. Les Français eux-mêmes (2) s'habillent généralement de cette manière si ce n'est qu'ils ne s'imposent pas tous le port d'un habit bien défini mais le choisissent selon la mode en cours.

"En général l'habit des français n'est pas agrémenté de fioritures mais se distingue par sa très grande propreté et l'usage de vêtements de dessous comme les chemises, les caleçons et les gilets. Les gens aisés changent de vêtements plusieurs fois par semaines. Ils se prémunissent ainsi contre les insectes. Aussi ignorent-ils ce que sont les poux et autres parasites, au contraire des gens qui vivent dans la grande pauvreté. (3)
Séduction féminine
"Le vêtement des femmes françaises est fort joli mais parfois quelque peu indécent surtout lorsqu'elles l'enrichissent de leurs plus beaux atours. Elles ne portent toutefois pas de nombreux bijoux mais seulement des boucles d'oreille, des bracelets d'or par dessus les manches de leur vêtement et un léger collier autour de leur cou, qu'elles ont long et fin. Elles ignorent totalement les anneaux de pieds (4).

"Le vêtement des Françaises est fait de fins tissus de soie, de calicot ou de léger taffetas. Par temps froid, elles portent au cou une longue écharpe de fourrure dont elles laissent pendre les deux pans presque jusqu'aux pieds, à la manière d'un châle. Elles ont aussi coutume de nouer par dessus leur vêtement une légère ceinture qui fait ressortir à la fois la finesse de leur taille et la rondeur de leur fessier.
"Les femmes, d'habitude, fixent à leur ceinture une tige métallique qui s'applique du ventre jusqu'à la poitrine afin de maintenir leur taille parfaitement droite. Elles utilisent (pour s'embellir) de nombreuses astuces que l'homme ne peut qu'apprécier. ainsi ne laissent-elles pas flotter leur chevelure comme le font habituellement les femmes arabes . Au lieu de cela, elles ramassent leurs cheveux sur le dessus de la tête et les fixent avec un peigne ou autre chose du même genre.
"Par temps de chaleur elles dévoilent certaines parties de leur corps. Elles se découvrent notamment de la tête jusqu'au dessus des seins et exposent la nudité de leur dos. Au bal, elles dansent les bras nus et, cela mis à part, on ne compte plus les atteintes à la décence tant elles sont nombreuses chez les gens de ce pays.
"En revanche, il n'est pas question pour les Françaises de dévoiler jamais la moindre partie de leurs jambes. Elles portent toujours des bas, en particulier lorsqu'elles marchent dans les rues. A vrai dire, leurs jambes ne sont guère charnues (5).

"En situation de deuil, les Français portent un signe distinctif pendant un temps déterminé. L'homme le porte au chapeau, la femme à son vêtement. La durée du deuil varie d'un an et six semaines à deux mois selon le degré de parenté avec le défunt ou la défunte.
"Les ventes de drap à Paris représentent environ un million de Francs. Celles de la soie trois millions et celles de la fourrure un million. Ce dernier montant s'explique par le fait que les fourrures sont tout spécialement confectionnées pour les gens de Paris.
fausses barbes et perruques
"Le commerce des cheveux destinés aux personnes atteintes de calvitie ou dont la chevelure est en mauvais état est courant à Paris. De ces cheveux achetés à des particuliers, on confectionne des perruques, de fausses barbes et de fausses moustaches. Cette pratique remonte à l'époque de Louis-XIV, lequel n'enlevait sa perruque que pour dormir. Aujourd'hui, la coutume ne concerne plus que les chauves et autres personnes à la chevelure déficiente.
"Curieusement, la mode de la perruque a aujourd'hui atteint l'Egypte, où elle a été adoptée par les femmes du Caire."
(1)
Le mot est jusqu'à présent utilisé au proche-Orient. Il vient de l'Italien Biretta qui a donné le Français barrette (coiffure ecclésiastique ou universitaire).
(2)
Ici Tahtaoui fait clairement la distinction entre "Francs" (Européens) et "fransawiya" (Français).
(3)
Avec le développement de l'adduction d'eau et la multiplication des établissements de bains, le règne de Louis-Philippe se distingue par une forte progression de l'hygiène publique.
(4) Il s'agit des "Khalakhil" en usage en Orient à l'époque et jusqu'à présent en milieu rural.
(5) On connaît le faible des Orientaux pour les femmes bien en chair.