UN ÉGYPTIEN A PARIS (14)
Sous Charles-X et Louis-Philippe
L'Imam Rifaat at-Tahtaoui s'intéresse ici à l'assiette des parisiens
Une certaine abondance
"Sachez que le froment constitue l'essentiel de l'alimentation des Parisiens. C'est un blé au grain très fin sauf lorsqu'il est d'importation. Il est réduit en farine dans des moulins à vent ou à eau et ensuite panifié par des boulangers, qui le vendent aux gens selon la quantité choisie selon leurs besoins. C'est pour eux un moyen d'éviter le gaspillage et d'épargner leur temps. Car chacun ici à un travail particulier et faire le pain à la maison leur prendrait du temps.
"Les autorités compétentes (1) imposent aux boulangers l'obligation d'assurer l'approvisionnement nécessaire de la ville. En vérité, il n'y a jamais pénurie de pain à Paris ni même pénurie des autres produits alimentaires. Les Parisiens ont à leur dispositions des viandes, des légumes, des crudités, des produits laitiers, des oeufs et d'autres choses encore. La diversité des aliments est le lot commun, même chez les pauvres. (2)
"Les abattoirs sont installés en périphérie de la ville et non à l'intérieur. Cela tient à la nécessité de protéger la population des miasmes et d'éviter les dégâts que les bestiaux pourraient provoquer s'ils venaient à s'échapper.

Abattoirs de la Villette
" Le mode d'abattage diffère selon les animaux. Celui des agneaux est le plus facile. Le couteau est introduit derrière la gorge, c'est-à-dire entre la gorge et le collier (contrairement à notre façon de procéder). La même méthode est pratiquée concernant les veaux. Quant aux boeufs, ils sont frappés à plusieurs reprises au front à l'aide d'une masse de fer jusqu'à ce qu'ils cessent de respirer et de remuer. Puis ils sont égorgés de la même façon que les agneaux.
Le martyre des boeufs
"J'ai envoyé comme à mon habitude un domestique égyptien à l'abattoir pour qu'il achète et égorge un animal (3). Lorsqu'il a constaté la manière horrible dont il est procédé pour les bovins, il a invoqué Dieu et lui a rendu grâce pour ne pas l'avoir fait boeuf en terre Franque (4), où il aurait dû goûter un tel supplice. Il s'agit ici de boeufs car il n'y a pas de buffles en France, si ce n'est ceux qui sont exposés à la curiosité des gens (5).

Boeufs conduits à l'abattoir
"Les volailles sont également abattues de manières diverses. Il y en a qui sont égorgées comme on le fait des ovins, d'autres dont on coupe la langue, d'autres encore que l'on étrangle avec une cordelette ou égorge par la nuque. Quant aux lapins, ils ne sont jamais égorgés mais étranglés de façon à ne pas les vider de leur sang.
"Je ne saurais rien dire concernant l'abattage des porcs car je n'ai jamais vu l'abattoir qui leur est réservé. (6)
L'Imam Rifaat at-Tahtaoui s'intéresse ici à l'assiette des parisiens
Une certaine abondance
"Sachez que le froment constitue l'essentiel de l'alimentation des Parisiens. C'est un blé au grain très fin sauf lorsqu'il est d'importation. Il est réduit en farine dans des moulins à vent ou à eau et ensuite panifié par des boulangers, qui le vendent aux gens selon la quantité choisie selon leurs besoins. C'est pour eux un moyen d'éviter le gaspillage et d'épargner leur temps. Car chacun ici à un travail particulier et faire le pain à la maison leur prendrait du temps.
"Les autorités compétentes (1) imposent aux boulangers l'obligation d'assurer l'approvisionnement nécessaire de la ville. En vérité, il n'y a jamais pénurie de pain à Paris ni même pénurie des autres produits alimentaires. Les Parisiens ont à leur dispositions des viandes, des légumes, des crudités, des produits laitiers, des oeufs et d'autres choses encore. La diversité des aliments est le lot commun, même chez les pauvres. (2)
"Les abattoirs sont installés en périphérie de la ville et non à l'intérieur. Cela tient à la nécessité de protéger la population des miasmes et d'éviter les dégâts que les bestiaux pourraient provoquer s'ils venaient à s'échapper.

Abattoirs de la Villette
" Le mode d'abattage diffère selon les animaux. Celui des agneaux est le plus facile. Le couteau est introduit derrière la gorge, c'est-à-dire entre la gorge et le collier (contrairement à notre façon de procéder). La même méthode est pratiquée concernant les veaux. Quant aux boeufs, ils sont frappés à plusieurs reprises au front à l'aide d'une masse de fer jusqu'à ce qu'ils cessent de respirer et de remuer. Puis ils sont égorgés de la même façon que les agneaux.
Le martyre des boeufs
"J'ai envoyé comme à mon habitude un domestique égyptien à l'abattoir pour qu'il achète et égorge un animal (3). Lorsqu'il a constaté la manière horrible dont il est procédé pour les bovins, il a invoqué Dieu et lui a rendu grâce pour ne pas l'avoir fait boeuf en terre Franque (4), où il aurait dû goûter un tel supplice. Il s'agit ici de boeufs car il n'y a pas de buffles en France, si ce n'est ceux qui sont exposés à la curiosité des gens (5).

Boeufs conduits à l'abattoir
"Les volailles sont également abattues de manières diverses. Il y en a qui sont égorgées comme on le fait des ovins, d'autres dont on coupe la langue, d'autres encore que l'on étrangle avec une cordelette ou égorge par la nuque. Quant aux lapins, ils ne sont jamais égorgés mais étranglés de façon à ne pas les vider de leur sang.
"Je ne saurais rien dire concernant l'abattage des porcs car je n'ai jamais vu l'abattoir qui leur est réservé. (6)
1)
Tahtaoui écrit "muhtasib" محتسب, inspecteur chargé, dans les sociétés musulmanes
passées, de veiller au respect des bonnes moeurs et de réprimer les fraudes, notamment sur les marchés. Ici il doit s'agir de l'administration chargée du contrôle de l'application du code du commerce
2)
Dans cette première moitié du XIXème siècle, la France connaissait une réelle abondance alimentaire, mais accompagnée en revanche d'une mauvaise qualité nutritive des aliments, en matière de vitamines notamment.
3)
L'imam tenait évidement à consommer de la viande "halal".
4)
Terme déjà utilisé dans cette série et qui nous ramène au temps des croisades. Le mot Franc désignant les Européens en général. Le terme est encore aujourd'hui utilisé dans certains contextes.
5)
L'auteur évoque sans doute le "Jardin des Plantes" dont il a parlé au début de sa description de Paris
6)
Cela va de soi sachant que le Musulman répugne à approcher le porc, "animal impur".
Tahtaoui écrit "muhtasib" محتسب, inspecteur chargé, dans les sociétés musulmanes
passées, de veiller au respect des bonnes moeurs et de réprimer les fraudes, notamment sur les marchés. Ici il doit s'agir de l'administration chargée du contrôle de l'application du code du commerce
2)
Dans cette première moitié du XIXème siècle, la France connaissait une réelle abondance alimentaire, mais accompagnée en revanche d'une mauvaise qualité nutritive des aliments, en matière de vitamines notamment.
3)
L'imam tenait évidement à consommer de la viande "halal".
4)
Terme déjà utilisé dans cette série et qui nous ramène au temps des croisades. Le mot Franc désignant les Européens en général. Le terme est encore aujourd'hui utilisé dans certains contextes.
5)
L'auteur évoque sans doute le "Jardin des Plantes" dont il a parlé au début de sa description de Paris
6)
Cela va de soi sachant que le Musulman répugne à approcher le porc, "animal impur".