Une Monarchie Parlementaire élective! Pourquoi pas?
Si elle est d'initiative populaire et non héréditaire
Couronnons Marianne

Je veux préciser avant d'aller plus loin que cette monarchie ne saurait être issue des reliques de l'Aristocratie mais des milieux d'excellence de l'esprit et de l'humanisme.
Je l'appelle monarchie parce que le chef de l'Etat ne serait pas élu par la voie parlementaire comme les présidents de la IV-ème République, mais coopté ou élu à vie par un collège spécial qui sera esquissé plus loin. Toutefois la légitimité populaire de ce chef d'état-souverain devrait être confirmée par un référendum national.
Je précise tout d'abord que je ne suis ni historien ni spécialiste de Droit constitutionnel mais un homme libre de tout préjugé, a-priori ou dogme de quelque ordre que ce soit, politique, philosophique ou religieux, mais attaché infailliblement aux droits et libertés démocratique, collectives et individuelles.
Lorsqu'on constate l'état désastreux, indigne et honteux du fonctionnement de nos institutions politiques, avec un code électoral qui place inéluctablement à la tête de l'Etat un président chef de parti inféodé à une classe sociale alliée à un pouvoir économique incontrôlable . Lorsque l'on voit que ce président, en vertu de ce même code électoral, n'a pour alibi démocratique qu'un parlement en majorité acquis à sa politique et à ses idées ou servile, pour ne pas dire une "majorité de godillots"; et lorsqu'on voit enfin le principal parti de l'opposition montrer la nudité nauséabonde de son corps en décomposition avancée pour cause de conflits d'ambitions personnelles, on se prend forcément à rêver de quelque issue de sortie d'urgence.
Des réformes seraient inopérantes Le corps institutionnel est gangrené. La classe politique -disqualifiée par le seul fait qu'elle est une classe- ne vit que l'oeil rivé sur l'horizon des échéances électorales. Il faut détruire pour construire du neuf. Et, à l'exception du modèle dictatorial, toute idée nouvelle mérite réflexion.
Sachant que toute idée tendant à s'abstraire du cadre établi des jeux partisans est dans notre pays frappé d'interdit ou d'ostracisme, Je serai sans doute traité de farfelu, ou au mieux d'utopiste. Utopiste peut-etre, mais Iconoclaste certainement. En matière d'utopie ma proposition ne peut surpasser le catalogue de propositions pléthorique et indéchiffrable bien que très méritoire de m. Jacques Attali oublié aussitôt que publié.
Parlez de monarchie fût-elle élective en France aujourd'hui, et vous verrez aussitôt dans le meilleur des cas des cheveux se dresser sur des têtes et des regards ahuris vous fixer. Dans le pire des cas ce sera l'invective. Et pourtant!
Faisons un retour en arrière. Nous nous glorifions d'être les héritiers de la Révolution de 1789, fille du siècle des Lumières, comme nous sommes fiers de sa "Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen". Mais malheureusement nous sommes aussi héritiers des méfaits de la Convention de 1793 qui a dévoyé le mouvement révolutionnaire. Celui-ci était destiné tout naturellement à conduire la France vers une monarchie constitutionnelle du type britannique, comme le voulait Mirabeau. La convention lui a imposé sa dictature sanguinaire à laquelle on doit le génocide culturel perpétré dans nos régions alors que celles-ci, peuplées de paysans pour la plupart chrétiens pratiquants, avaient fort bien accueilli 1789. S'il n'y avait pas eu la Convention, il n'y aurait pas eu la "Vendée". Michel Ragon, non suspect de royalisme, auteur nourri de l'esprit libertaire, écrit dans son "Insurrection Vendéenne et les Malentendus de la Liberté" (Albin-Michel 1992) que c'est dans l'esprit même des principes de la Révolution de 1789 et de la Déclaration des Droits de l'Homme que les Vendéens se sont en vérité soulevés.
Regardons autour de nous, la Grande-Bretagne dans son régime de monarchie parlementaire est bien plus démocratique que la France et ce depuis fort longtemps. On peut citer aussi les Pays-Bas, la Suède, le Danemark ou l'Espagne qui sur ce point sont plus exemplaires que nous.
De 1793 nous avons hérité et l'esprit jacobin centralisateur, exclusif, générateur de la pensée unique, et l'intégrisme laïciste, au détriment du respect de la diversité culturelle -y compris linguistique- et de la vraie laïcité, modèle de tolérance. On entend nos hommes politiques invoquer en toute occasion le "modèle ou esprit républicain", mot qui à force d'être répété s'est vidé de son sens. La "Res Publica", autrement dit la "chose publique" ou le "bien commun" n'est pas possession exclusive des républiques. Elle existe et est respectée dans les monarchies parlementaires nos voisines en Europe.
L'idée nouvelle serait de placer à la tête de l'état une personnalité, homme ou femme, respectée du plus grand nombre, indépendante de toute attache partisane ou de toute compromission avec un quelconque courant philosophique ou religieux militant. Elle serait élue ou cooptée par un collège de volontaires issues des meilleurs milieux de l'université de la culture dans le plus large sens du terme, des sciences humaines, etc. En quelque sorte un collège de sages animés d'une vraie volonté de changement et ayant manifesté leur adhésion à ce projet. Projet réellement révolutionnaire, compte tenu de notre héritage historique et politique. L'élection ou la cooptation à vie du chef de l'état serait naturellement soumise à la sanction d'un référendum national.
Un gouvernement serait formé à l'issue d'élections législatives organisées selon le mode de scrutin proportionnel pluri-nominal dit "méthode de Hondt" , utilisé notamment en Espagne, au Portugal, en Finlande, en Belgique et en Israël et qui garantit une meilleure représentation des divers courants d'opinion. Le rôle du chef de l'Etat, incarnant la France devant les citoyens et l'Etranger, aurait essentiellement un rôle d'arbitre en politique intérieure, mais aussi l'autorité en matière de politique étrangère et d'utilisation des forces armées. Il faudrait egalement que les partis politiques n'aient plus l'exclusivité (qui est la leur aujourd'hui dans la pratique) de présenter des candidats à la députation. L'exercice de ce droit devrait être étendu aux mouvements ou groupements de mouvements associatifs. L'ulitisation d'internet permettrait d'alléger les dépenses de campagne.
Bien sur, un tel projet dans ce qu'il a d'iconoclaste se heurterait immédiatement à l'hostilité du pouvoir et de la classe politique qui y opposeraient l'argument constitutionnel. Il faudrait donc qu'une procédure de révision puisse leur être arrachée par une mobilisation massive de l'opinion à laquelle s'attacherait une association indépendante constituée d'hommes de tous horizons, y compris politiques, rassemblés dans la même volonté d'aboutir à un tel changement. Refusant de céder à cette volonté populaire, le pouvoir et la classe politique perdraient du même coup toute légitimité et faute d'en tirer les conséquences évidentes, la désobéissance civile pourrait être un ultime recours. Si cela devait être qualifié de coup d'état ce serait un coup d'état populaire. Un consensus national serait bien sur préférable.
Tout cela peut sembler relever aujourd'hui de la "politique fiction", mais la catastrophe annoncée qu'on entrevoit chaque jour plus menaçante pourrait bien faire oublier la fiction pour nous ramener à la réalité.
Projet utopiste dira-t-on. Bien moins utopiste et plus révolutionnaire pourrais-je répondre que ce qui sous-tend l'action de la LCR, pour laquelle j'ai par ailleurs une certaine sympathie. En tout cas, c'est une idée que je lance comme ça, tout simplement comme elle m'est venue: et Hop! Si quelqu'un en a une meilleure, elle sera la bien venue.
( lien) RÉINVENTER LA DEMOCRATIE