UN EGYPTIEN A PARIS (7)

Publié le par Yaqzan


Sous Charles-X et Louis-Philippe   (lien) UN EGYPTIEN A PARIS et suivants

Des Parisiens et des Français en général

du bon et du moins bon

Le Cheikh Rifaat at-Tahatoui poursuit l'exposé des ses observations sur les traits de caractère et les pratiques des Parisiens et des Français en général:

Quelque peu avare mais dépensier

"Il n'y a d'égalité entre eux que dans les choses ordinaires de la vie, comme l'expression et l'action mais il n'y en a pas en matière de richesse. Le parisien prête volontiers mais ne donne pas à moins que le don ne soit assorti d'une contrepartie. En quelque sorte, il est plus proche de l'avarice que de la générosité, cette  qualité que l'on trouve, comme l'hospitalité, chez les arabes.

"Le Parisien est d'une manière générale fidèle à ses engagements et, riche ou pauvre, il est scrupuleux et infatigable dans son travail. Il aime à se faire passer pour plus qu'il n'est. Il a le goût de la notoriété mais non de l'arrogance ou de l'animosité. Il dit volontiers de lui-même qu'il peut être doux comme un agneau ou, en colère, plus féroce qu'un tigre sans crainte de la mort. A ce propos il est fréquent d'entendre qu'untel  s'est donné  la mort, poussé  par le dépit amoureux ou la misère"

"... Il est dans sa nature de dépenser sa fortune au gré de ses fantaisies, dans la satisfaction de ses passions diaboliques, le plaisir et le jeu, pour lesquels Il dépense sans compter.

Une faiblesse envers les femmes que le Cheikh ne partage pas

" il est esclave du bon plaisir des femmes, qu'elles portent  ou non un enfant. Comme certains le disent; la femme
, en Orient, fait partie du mobilier domestique, chez les "Francs" c'est une enfant gâtée.



"Le parisien n'entretient jamais de mauvais soupçons sur son épouse  en dépit des nombreuses incartades dont les femmes sont coutumières. Mais quand bien même serait-il un notable, s'il est établi que sa femme se livre à  la luxure, il cesse tout rapport avec elle et la quitte pour toujours. Mais les autres n'en tirent pas leçon alors qu'il convient de se méfier des femmes.

"Un  poète a dit:

"Des femmes il faut te méfier
"Si tu es un homme censé
"Car il n'est 
plus mortel  danger
"Que  d'avoir la faiblesse de s'y fier" *


 
Pas de penchant pour les jeunes garçons

"Parmi les traits louables du parisien il en est un qu'il partage avec les arabes; c'est l'absence de penchant pour les garçons avec lesquels, par nature,  il ne lui viendrait pas à l'esprit l'idée de marivauder. C'est là une chose qu'il écarte totalement comme étrangère à sa nature et à ses moeurs. Dans son langage comme dans ses poèmes il refuse de parler d'échanges amoureux entre personnes du même sexe. A cet égard, Il serait malséant en Français de dire "j'ai aimé un garçon". Aussi lorsqu'il doit traduire un de nos poèmes (arabes), il retourne l'expression et écrit "j'ai aimé une jeune fille".(1)

"Le français voit dans ces amours une corruption des moeurs et en cela il a raison. Pour lui l'attirance mutuelle entre sexes différents est le propre de la nature humaine comme il en est de l'attraction entre l'aimant et le fer. Le contraire est pour lui la pire des monstruosités dont il ne parle que rarement dans ses écrits et encore avec autant de discrétion que possible."

Les femmes, encore les femmes



"Toutefois, s'il est une chose détestable chez les français, c'est bien le manque de chasteté de nombre de leur femmes et la complaisance des maris. Ainsi comme le disait un des ces français coutumiers du libertinage: 'Si une femme  refuse de céder à tes désirs, n'y vois pas la marque de sa chasteté mais plutôt l'indice de ses multiples expériences".

"un sage n'a-t-il pas dit un jour: La femme est un  piège de Satan".
**

* لا يكن ظنّك إلا سيئا  بالنسأ إن كنت منآهل الفطن
ما رمى الإنسان في مهلكة قط إلّا ظنّه الظنٌ الحسن 
**
النساء حبائل الشيطان


(1 Dans la poésie arabe chantant "l'amour courtois", l'aimée  est   toujours  nommée au masculin. par exemple "Habibi" au lieu de "Habibati" (mon aimé au lieu de mon aimée On retrouve cette tradition poétique dans les chansons des troubadours occitans du Moyen-âge vraisemblablement sous l'influence Hispano-arabe.

- llustrations   Octave Uzanne (1851-1931)

Publié dans Egypte

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