COMMUNION ISLAMO-CHRÉTIENNE

Publié le par Yaqzan


Autour d'un héritage païen
                                                                                                                                                               

                                                                                                                                                               
Il est en Egypte une fête dont l'origine se perd dans la nuit des temps et qui réunit une fois l'an Chrétiens et Musulmans dans un même rituel au parfum de paganisme.

Nous voulons parler de "Shamm en-Nessim", (humer le zéphyr printanier), célébrée le lundi de la pâque copte orthodoxe, qui coïncide avec la période de l'équinoxe de printemps. Il s'agit de toute évidence de la survivance d'un rite agraire de fécondité sans doute pratiqué déjà dans l'antiquité pharaonique.

Ce jour-là, au Caire notamment, une foule d'hommes, femmes et enfants, toutes religions confondues, sort dès le matin pour envahir les lieux de verdure, jardins publics, le parc zoologique, où ils déjeuneront  sur l'herbe.

Beaucoup embarquent sur les navettes fluviales dans une débauche de couleurs joyeuses et un  grand charivari de chants, tambourins, jets de pétards, pour descendre le Nil en direction du nord jusqu'aux magnifiques jardins des Qanater el-Kairiyya, barrages construits au XIXème siècle à l'initiative du vice-roi Muhammad-Ali.  Déjà, lors de son séjour en Egypte de 1833 à 1835, le voyageur anglais Edward William Lane avait noté ces petites croisières vers le nord en cette occasion (Manners and customs of the Modern Egyptians).



Tous sont munis de paniers à pique-nique composés d'oeufs durs diversement colorés,  de rameaux de  pois-chiches verts, laitue, lupins,    ail, oignons, feuilles de vignes farcies et aussi de "fessikh", produit "haut en odeur" qui mérite qu'on s'attarde un instant sur sa description. Il s'agit de poisson, plus précisément de muge ou mulet (en Arabe bouri) conservé en saumure. Les poissons, dont la tête est préalablement farcie de sel, sont disposés dans des barils par couches superposées,  séparées les unes des autres par une couche de sel. On dispose une grosse pierre sur le tout pour le compresser afin d'exprimer le liquide contenu dans la chair du poisson. Le produit est prêt à consommer au bout de deux ou trois semaines. Les filets de fessikh sont mangés arrosés d'huile et de citron avec du persil.

 Il y a quelques années cette consommation avait provoqué de nombreux cas de botulisme dont plusieurs mortels. Les autorités avaient par la suite saisi plusieurs tonnes de fessikh avarié fabriqué sans licence et des incitations  à la prudence avaient été diffusées.

Dans les campagnes, la tradition veut que le matin au saut du lit, on hume des oignons verts écrasés avant d'en répandre le jus au seuil des maisons pour les protéger des maléfices. Cette tradition a conduit  certains voyageurs européens des siècles passés à considérer que les Egyptiens rendaient un culte divin à l'oignon. alors qu'il  s'agit en réalité d'une pratique prophylactique.

Aujourd'hui, on ose à peine rêver que ce souffle du printemps, expression symbolique d'un fond culturel commun à tous les Egyptiens puisse contribuer à rétablir la concorde entre les  communautés copte et musulmane de ce pays aux racines millénaires. Malheureusement la propagande constante et envahissante de l'Association des Frères musulmans, qui s'exerce  partout et jusque dans les écoles primaires, incite la population musulmane la moins éclairée au mépris de leurs concitoyens coptes y compris jusqu'à  la provocation et l'injure publiques .
voir PROSÉLYTISME CHRÉTIEN EN ALGÉRIE par.7.

Pourtant quelques uns gardent espoir, comme l'acteur populaire Adel Imam, qui vient de réaliser et produire un film intitulé "Hassan et Morqos", qui raconte l'histoire d'un prédicateur musulman et d'un prêtre copte tolérants en butte à l'hostilité des extrémistes des deux bords. Le prêtre se déguise en musulman et trouve refuge chez le prédicateur. Les deux se forgent un destin commun dans leur combat.

Le rôle du prêtre est tenu par Adel Imam et celui du prédicateur par Omar Sharif. Symbolique ou non, le fait que Omar Sharif, né Michel Shalhoub, est d'origine chrétienne, ne manque pas de nous interpeller.

La distribution du film s'est heurtée à de multiples difficultés notamment auprès de chaînes TV satellitaires arabes. Il fallait s'y attendre.

Publié dans religions

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