RAS-LE-BOL !
Voile, foulard, burqa, hijab, niqab: cacophonie autour d'une question simple.
J'en ai par dessus a tête de répéter en vain à longueur d'articles sur mon blog que rien dans le Coran n'oblige les femmes à porter un voile. Voir: BURQA, ISLAM ET CONSEIL D'ETAT
Le quotidien "Le Parisien" est revenu jeudi 16/08 sur l'affaire de la Burqa. Il lui consacre pas moins de deux pages où, d'une part, m. Mohamed Moussaoui, président du Conseil Français du Culte Musulman déclare le port de la Burqa injustifié mais continue d'affirmer que le port du voile est une prescription religieuse, tandis que d'autre part, Mme Fadela Amara secrétaire d'Etat déléguée à la ville déclare que la burqa et le voile doivent être bannis l'une comme l'autre.
J'estime que l'Islam aura fait son "aggiornamento" lorsqu'un responsable musulman du rang de m. Moussaoui aura eu le courage de reconnaître publiquement que le port du voile n'est pas une prescription coranique mais un simple fait de société pouvant être remis en cause sans pour autant remettre en cause la conviction religieuse. De deux choses l'une: ou m. Moussaoui est convaincu et je me demande sur quoi repose sa conviction, ou bien il a peur des réactions hostiles de ceux qui parmi ses co-religionaires sont ignorants, obscurantistes, incapables d'exercer l'effort personnel d'interprétation du Texte nécessaire à l'accession de l'Islam à la modernité (ijtihad). Actuellement, l'Islam est malade. Ce n'est pas moi qui le dit -même si je le pense- mais des intellectuels musulmans éclairés que beaucoup, y compris m. Moussaoui, connaissent bien mais ne veulent pas entendre.
Malgré mon ras-le-bol je cite à nouveau le seul passage du Coran sur le sujet qui nous occupe. Le texte déclare : "dis aux croyantes de rabattre leurs voiles sur leur poitrines". Il ne dit pas "dis aux croyantes de porter un voile et de le rabattre sur leur poitrine". C'est très simple. Le voile en question était un appareil vestimentaire traditionnel et son port, donc, un simple fait de société. La seule prescription était d'en rabattre les pans sur la poitrine. Aucune femme, musulmane ou non, que je sache, se promène aujourd'hui en ville les seins nus.
Quant à Fadela Amara, lorsqu'elle parle du voile, de quoi parle-t-elle? S'il s'agit du voile islamique d'inspiration wahhabite répandu aujourd'hui dans la plupart des pays musulmans, je lui donne entièrement raison de vouloir le bannir. En outre, le voile en question est appelé "hidjab" par les arabes alors que le Coran n'utilise nulle part ce mot dans cette acception.
Mais s'il s'agit tout simplement d'un foulard, un fichu. cela ne me choque pas à condition que le port en soit librement choisi. Autrefois, ma mère et ma grand-mère, catholiques, portaient un fichu et beaucoup de femmes le portent aujourd'hui encore, surtout à la campagne. Simple tradition vestimentaire. Mme Amara est d'origine Kabyle et elle doit bien savoir qu'en Kabylie, les femmes portent un joli foulard coloré appelé "tafunart". Qu'une kabyle le porte à Paris ne m'indisposerait pas, bien au contraire.

Costume tradtionnel kabyle actuellement menacé par les intégristes (phot. Travel webshots)
Ce qu'il faut bannir, c''est tout ce qui est imposé dans un sens discriminatoire et tout ce qui enlaidit la femme. Une petite anecdote à ce propos. Au Caire, une de mes collègues égyptienne se promenait dans la rue avec sa petite fille lorsqu'elles croisèrent une femme vêtue d'un voile noir complet, comme cette fameuse burqa mais appelé là-bas "niqab". La petite fille s'écria: "Maman j'ai peur! regarde! un démon ('afrit)" . Comme chacun sait, la vérité sort de la bouche des enfants et lorsque le roi est nu il n'y a qu'un enfant pour le dire.
Selon un dicton arabe , "Dieu est beau et aime la beauté" . Et, encore selon une expression arabe: "Il y a en cela une leçon à tirer pour ceux qui veulent bien la considérer". Malheureusement il n'est pire ignorant que celui qui ne veut pas comprendre.
Ps: Mme Amara a dit aussi une chose très intéressante, à savoir que des garçons flippent sur les filles voilées. C'est une observation pertinente. En effêt autrefois, avant Marthe Richard, il y avait dans les bordels des filles déguisées en bonnes soeurs pour satisfaire les fantasmes de certains clients.