DES MÉGOTS ET DES HOMMES
Evitons la "guerre picroclopine"

Paris- Rue du Quatre-Septembre à l'entrée d'un banque
On constate ces jours-ci sur le net un débat animé à propos de savoir s'il faut dire un clop ou une clope pour désigner une cigarette. Il s'agit là d'un sujet très sérieux n'en déplaise aux esprits chagrins qui voudraient qu'on ne parle que des taux d'intérêts de la Banque centrale européenne ou de l'album de Carla.
En effet, il s'agit de linguistique. Toutes les langues vivantes évoluent de diverses manières: par glissement de sens, néologismes, emprunts etc. et la langue verte, langue vivante s'il en est, n'échappe pas à la règle.
De mon temps, une cigarette se disait une "tige", une "sèche", une "cousue". Etant encore très jeunes, quand on était trois ou quatre en possession d'une seule cigarette, on se disait passe-moi ta tige que j'tire une crampe et on se repassait la sèche de l'un à l'autre jusqu'à ce qu'elle soit réduite à un clop. Car à mon époque un mégot se disait un clop. La crampe en question était, pour désigner une bouffée, un emprunt au langage grivois des plus âgés et je vais pas vous faire un dessin.
Il faut dire que j'en connais un sacré rayon en matière de clops et je vous renvoie à un de mes précédents articles ou je raconte que pendant l'occupation alors que le tabac manquait, un de mes boulots était de ramasser des clops pour mon père . UN J-2 SOUS L'OCCUPATION (par.6)
Parmi mes concurrents, cheminant le long des caniveaux, là où gisent communément les clops, il y avait des vieux munis d'une canne au bout de laquelle ils avaient fixé un clou. De cette façon, Ils piquaient les clops sans avoir à se baisser ce qui les arrangeait vachement vu leur arthrose.
De là on avait tiré l'expression "t'as vu le mec? il a un nez à piquer les clops". C'était pour dire qu'il avait un nez pointu.
A propos de mec, le mot a peut-être quelque rapport avec le mégot, qui est l'appellation classique du clop. Le M.E.G de mégot remonterait à un ancien suffixe indo-européen (meg ou mec) indiquant la petitesse d'une chose. On le retrouve en Poitevin où mégaud signifie petit-lait. A l'origine, un mec aurait été un p'ti-gars avant de devenir un grand costaud.
Puisqu'on parle de clops, clopes, ou mégots, il faut bien reconnaître que l'interdiction de fumer dans les cafés et restaurants ne s'est pas trop mal passée. Il y a bien eu quelques rouspétances. Il y a même eu des petits malins qui, au restaurant, arrivés au dessert, demandaient à sortir un instant pour "fumer une clope" puis disparaissaient sans payer le repas.
Le problème, maintenant c'est qu'on trouve de plus en plus de mégots dans les caniveaux. Ils vont inévitablement dans les égoûts pour aboutir dans les rivières, où les poissons pourraient bien finir par se mettre à fumer.

Il y a aussi des concentrations de mégots dans des bacs à sable placés à l'entrée des établissements publics. La promiscuité peut entraîner des bagarres de clops, c'est la "guerre picroclopine".
On n'imagine pas assez la révolution que cet interdit porté sur la cigarette publique est en train de provoquer dans nos moeurs. Il suffit de se rappeler les chansons d'autrefois comme "du gris que l'on roule et qu'on fume..." ou "dans la fumée bleue des cigarettes..."
C'est du passé. N'en parlons plus.
Juste un petit mot pour finir. Les portugais appellent joliment le mégot "beata" (la bigote). Allez savoir pourquoi.

Paris- Rue du Quatre-Septembre à l'entrée d'un banque
On constate ces jours-ci sur le net un débat animé à propos de savoir s'il faut dire un clop ou une clope pour désigner une cigarette. Il s'agit là d'un sujet très sérieux n'en déplaise aux esprits chagrins qui voudraient qu'on ne parle que des taux d'intérêts de la Banque centrale européenne ou de l'album de Carla.
En effet, il s'agit de linguistique. Toutes les langues vivantes évoluent de diverses manières: par glissement de sens, néologismes, emprunts etc. et la langue verte, langue vivante s'il en est, n'échappe pas à la règle.
De mon temps, une cigarette se disait une "tige", une "sèche", une "cousue". Etant encore très jeunes, quand on était trois ou quatre en possession d'une seule cigarette, on se disait passe-moi ta tige que j'tire une crampe et on se repassait la sèche de l'un à l'autre jusqu'à ce qu'elle soit réduite à un clop. Car à mon époque un mégot se disait un clop. La crampe en question était, pour désigner une bouffée, un emprunt au langage grivois des plus âgés et je vais pas vous faire un dessin.
Il faut dire que j'en connais un sacré rayon en matière de clops et je vous renvoie à un de mes précédents articles ou je raconte que pendant l'occupation alors que le tabac manquait, un de mes boulots était de ramasser des clops pour mon père . UN J-2 SOUS L'OCCUPATION (par.6)
Parmi mes concurrents, cheminant le long des caniveaux, là où gisent communément les clops, il y avait des vieux munis d'une canne au bout de laquelle ils avaient fixé un clou. De cette façon, Ils piquaient les clops sans avoir à se baisser ce qui les arrangeait vachement vu leur arthrose.
De là on avait tiré l'expression "t'as vu le mec? il a un nez à piquer les clops". C'était pour dire qu'il avait un nez pointu.
A propos de mec, le mot a peut-être quelque rapport avec le mégot, qui est l'appellation classique du clop. Le M.E.G de mégot remonterait à un ancien suffixe indo-européen (meg ou mec) indiquant la petitesse d'une chose. On le retrouve en Poitevin où mégaud signifie petit-lait. A l'origine, un mec aurait été un p'ti-gars avant de devenir un grand costaud.
Puisqu'on parle de clops, clopes, ou mégots, il faut bien reconnaître que l'interdiction de fumer dans les cafés et restaurants ne s'est pas trop mal passée. Il y a bien eu quelques rouspétances. Il y a même eu des petits malins qui, au restaurant, arrivés au dessert, demandaient à sortir un instant pour "fumer une clope" puis disparaissaient sans payer le repas.
Le problème, maintenant c'est qu'on trouve de plus en plus de mégots dans les caniveaux. Ils vont inévitablement dans les égoûts pour aboutir dans les rivières, où les poissons pourraient bien finir par se mettre à fumer.

Il y a aussi des concentrations de mégots dans des bacs à sable placés à l'entrée des établissements publics. La promiscuité peut entraîner des bagarres de clops, c'est la "guerre picroclopine".
On n'imagine pas assez la révolution que cet interdit porté sur la cigarette publique est en train de provoquer dans nos moeurs. Il suffit de se rappeler les chansons d'autrefois comme "du gris que l'on roule et qu'on fume..." ou "dans la fumée bleue des cigarettes..."
C'est du passé. N'en parlons plus.
Juste un petit mot pour finir. Les portugais appellent joliment le mégot "beata" (la bigote). Allez savoir pourquoi.