PROSÉLYTISME CHRÉTIEN EN ALGÉRIE

Publié le par Yaqzan

Additif à mon précédent article ALGÉRIE ET PROSÉLYTISME ÉVANGÉLIQUE

Je tiens à apporter une réflexion sur le prosélytisme pratiqué en Algérie par l'Eglise Evangélique. Je suis agnostique et je m'intéresse d'un point de vue exclusivement scientifique à l'étude des religions. A ce titre, je respecte toutes les convictions religieuses ou athées à la condition qu'elles ne portent pas atteinte aux convictions des autres. Ce n'est pas le cas de ce qui se passe en Algérie.

L'Algérie est un pays dont la quasi-totalité des habitants est musulmane et n'a aucune raison de changer de religion. Musulmans, Juifs et Chrétiens vénèrent le même Dieu, appelé Allah par les arabophones, tant  Musulmans que Chrétiens , Adonai par les juifs, et Dieu, Dios, God ou Gott selon qu'on est Francophone, hispanophone, anglophone ou germanophone.

Que l'on cesse donc une fois pour toute de donner à croire qu'en Allah les musulmans vénèrent un dieu différent de celui des juifs et des Chrétiens!

Dans ces conditions le prosélytisme chrétien n'a aucune raison d'être en terre d'Islam. En revanche, ce qui a toute raison d'être c'est le dialogue entre les religions dans le respect mutuel pour faire avancer la cause de la paix et de l'entente universelles.

A cet égard, n'en déplaise à quelques ignorants dévoyés dans leur endoctrinement, je tiens à rappeler que l'Eglise Catholique n'a jamais pratiqué le prosélytisme en Algérie tant pendant la période coloniale qu'après celle-ci. Cette disposition a été étendue à l'ensemble du monde avec le grand tournant imprimé   sous le pape Paul-VII par le concile Vatican-II.

Mise à part la population chrétienne d'origine européenne, la présence de clercs la plus remarquée en Algérie a été celle des Pères Blancs et des Soeurs Blanches unanimement appréciée et respectée par les populations autochtones dans la mesure même où la ligne d'action définie par le créateur de leur institution, le cardinal Lavigerie interdisait tout endoctrinement catholique et se donnait pour unique but la scolarisation, l'action sociale et les soins médicaux dans le cadre d'une convivialité fraternelle, à l'écoute de l'autre et dans le respect de sa culture et de ses convictions. Le fait est là, même si le cardinal laissait toutefois entendre au tout début de sa mission en 1868, que s'il devait y avoir évangélisation celle-ci devrait être le fait des Algériens eux-mêmes.

Il y a eu des conversions mais celles-ci se sont produites dans des conditions très particulières. Dès son arrivée en Algérie l'institution des Missionnaires d'Afrique "Pères Blancs" s'est trouvée confrontée à une immense  famine provoquée par deux années de sécheresse et des invasions de criquets pèlerins qui laissèrent derrière elles de très nombreux orphelins. Une grande partie de ceux-ci (1.800)  fut recueillie par les Pères Blancs. Devenus adultes certains de ces orphelins demandèrent à embrasser la religion catholique. Par la suite, l'opinion islamique a vu dans cette initiative une entreprise  de prosélytisme religieux, alors que l'archevêché avait donné la consigne impérative de respecter la liberté de conscience des orphelins. Il n'était pas question de "vendre le pain au prix de la religion".

Peu avant de se rendre en Algérie, Lavigerie alors simple abbé, s'était rendu à Damas où il avait rencontré l'Emir Abdelkader en  exil, qui lui fit grande impression. "Je n'oublierai pas aisément cette entrevue, confia-t-il dans ses mémoires, je l'écoutais avec admiration et bonheur parler, lui, musulman sincère, un langage que le Christianisme n'eût pas désavoué...".

Outre leur action sociale, les Pères Blancs et les Soeurs Blanches ont produit en Algérie une somme considérable d'études sociologiques et linguistiques. Ils ont notamment contribué en Kabylie à la sauvegarde de la langue et et de l'héritage culturel berbères, travail hautement apprécié aujourd'hui par les militants du "Mouvement Culturel Berbère", chose à vrai dire, qui n'est pas faite pour plaire au pouvoir algérien aveuglément cramponné à l'idéologie arabo-islamique. Les Kabyles, s'ils sont musulmans n'en revendiquent pas moins  leur identité berbère contre une sorte de totalitarisme politico-culturel arabe.

Pour conclure, je considère que l'entreprise inconséquente de l'Église Évangélique risque fort de compromettre le dialogue islamo-chrétien sur lequel beaucoup d'espoirs sont fondés dans le "village mondial" actuel en quête d'une harmonieuse mixité sociale, ethnique et culturelle.


Publié dans religions

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article