DES GÉNIES ET DES HOMMES
Faits et méfaits des djinns
Je garde de mon long séjour en Egypte le souvenir d'un événement mystérieux qui mit en émoi toute une population villageoise du delta du Nil puis, la nouvelle se répandant, le pays tout entier.
A Mit Yaïch, donc, dans la demeure d'une famille de dix personnes, selon ce que témoignages à l'appui racontait la presse la plus sérieuse, des objets divers s'enflammaient spontanément. Ces incendies, qui s'éteignaient aussi mystérieusement qu'ils s'allumaient sous le regard ébahi du voisinage n'épargnaient même pas les ustensiles de verre ni même de métal.
Consultés sur le champ par la population apeurée, les hommes de religion s'accordèrent à voir derrière ce phénomène l'oeuvre des Djinns. Dans leur esprit cela était tout à fait concevable puisque l'existence de ces génies , réminiscence des croyances de l'Arabie antique, est expressément attestée par le Coran selon lequel leur création est antérieure à celle de l'Homme.
Le texte sacré des musulmans évoque les djinns dans 29 versets."Nous avons créé l'Homme d'une argile extraite d'une boue malléable. Quant aux Djinns nous les avions créés auparavant du feu de la fournaise ardente", y est-il écrit.
Le mystère de Mit Yaïche n'en serait donc pas vraiment un si ce n'est que ce genre de manifestation des Djinns n'est pas vraiment coutumière. Pourquoi précisément dans ce village et dans cette maison? Là était le mystère jusqu'à présent demeuré sans réponse.
Ce ne serait en fait qu'un nouvel et spectaculaire épisode des rapports, parfois conflictuels parfois amicaux, que ces créatures versatiles prompts à la facétie comme au courroux entretiennent avec l'espèce humaine.
Ce sont, selon le Coran des êtres créés par Dieu comme les anges et les hommes. Ils constituent avec ces derniers les deux "charges" (al-thaqalayn) posés sur terre. Ils ont leurs prophètes pris parmi eux (Coran, VI, 130). Ils doivent obéir à la Loi révélée par Mahomet. Ainsi, tout comme les hommes, ils sont musulmans, adeptes d'autres religions ou incroyants. Ils sont capables d'oeuvres considérables. Le roi Salomon les a engagés dans ses armées et ils ont travaillé pour lui dans la construction d'oeuvres prodigieuses. Mais certains d'entre eux servent Satan et sont malfaisants selon l'opinion la plus répandue. Pour se protéger contre ces derniers, on pratique l'épandage de sel et prononce des formules de politesse dans les endroits où ils sont censés se tenir. Cela n'est pas sans rappeler les pratiques afro-brésiliennes utilisées pour amadouer Exù , divinité elle aussi versatile à qui on fait offrande d'eau de vie déposée aux croisées des chemins.
Certains personnes bien que de religion musulmane font appel contre les méfaits des djinns à l'intervention de prêtres coptes, qui, dans leur esprit, auraient hérité les sciences occultes des Pharaons. La langue liturgique de l'Eglise copte n'est-elle pas une survivance de l'Egyptien antique?
D'après les traditions, les djinns font partie d'un monde éthéré, subtil, auquel les hommes n'ont pas accès. En revanche, les djinns peuvent prendre des formes diverses, se déplacer d'un endroit à un autre à très grande vitesse, avoir des rapports avec l'espèce humaine et même s'accoupler avec elle. Ainsi, il y a quelques années, une femme répudiée par son mari qui l'avait retrouvée avec un nouveau-né alors qu'il revenait d'un long séjour à l'étranger, obtint gain de cause devant un tribunal en invoquant les oeuvres d'un djinn. Il y avait sans doute dans l'esprit du juge une volonté de paix et de tolérance déjà avérée en Islam par la théorie du foetus endormi (al-janine el-raqid), reconnue par diverses écoles juridiques, notamment hanéfite (sept ans de dormition possible) et malékite (deux ans). En quelque sorte une fiction légale palliant les inconvénients des naissances illégitimes.
Certains hommes prétendent pouvoir entrer en contact avec les djinns par des moyens magiques divers et notamment la pratique du "Darb el-mandel", fort redoutée et qui consiste à les faire apparaître à la surface d'un liquide huileux. Mais cela n'a rien à voir avec la religion et tient de la sorcellerie. Quant à la consultation des djinns pour la divination, c'est une affaire de charlatans puisque du point de vue coranique, les djinns n'ont pas accès à l'inconnu (ghayb).
En revanche, le rêve a une grande importance en Islam. Certaines visions oniriques peuvent être inspirés par les djinns ou par Satan mais, d'autres, les rêves sains, sont inspirés par Dieu ou son Prophète. Il existe depuis des siècles et jusqu'à aujourd'hui une abondante littérature sur l'interprétation des rêves.
La question des rapports des djinns avec l'Homme amène naturellement à évoquer le recours à l'exorcisme en cas de possession. Il existe des "centres de soins" par le Coran qui le pratiquent. il y a quelques années l'hebdomadaire islamiste An-Nour racontait ainsi:
"Le frère Reda pose une main sur la tête du malade en implorant la protection de Dieu contre le Démon. Il parle avec véhémence comme s'il avait Satan devant les yeux. Il récite la "Fatiha", (première sourate du Livre) puis les cinq premiers versets de la sourate suivante (al-Baqara) ainsi que le verset 101 de cette même sourate où il est dit :"Et ils crûrent ce que les démons disaient à propos du roi Salomon". Le malade se met à trembler fortement. Le frère Reda répète les mêmes versets. La figure du patient se métamorphose. Ses yeux rougissent et son visage noircit.
"Le frère Reda lui demande: quel est ton nom?
"Le malade d'une voix basse avec un intonation féminine répond: Maryam.
"Quelle est ta religion"?
"chrétienne.
"Que fais-tu dans ce corps?
"Nous y avons été envoyés mon mari et moi par l'envoûteur.
"Où est ton mari?
"Avec moi.
"Le frère Reda poursuit la lecture du Coran pendant plus d'une heure et demie.
"Une voix s'échappe du corps frissonnant: Ah! ah! Je veux sortir!
"L'exorciste s'adresse au corps: "Ne craigniez point l'envoûteur. Le Coran vous en protège. Sortez en paix. Sortez par ordre de Dieu.
"Nous sortons".
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A Mit Yaïch, donc, dans la demeure d'une famille de dix personnes, selon ce que témoignages à l'appui racontait la presse la plus sérieuse, des objets divers s'enflammaient spontanément. Ces incendies, qui s'éteignaient aussi mystérieusement qu'ils s'allumaient sous le regard ébahi du voisinage n'épargnaient même pas les ustensiles de verre ni même de métal.
Consultés sur le champ par la population apeurée, les hommes de religion s'accordèrent à voir derrière ce phénomène l'oeuvre des Djinns. Dans leur esprit cela était tout à fait concevable puisque l'existence de ces génies , réminiscence des croyances de l'Arabie antique, est expressément attestée par le Coran selon lequel leur création est antérieure à celle de l'Homme.
Le texte sacré des musulmans évoque les djinns dans 29 versets."Nous avons créé l'Homme d'une argile extraite d'une boue malléable. Quant aux Djinns nous les avions créés auparavant du feu de la fournaise ardente", y est-il écrit.
Le mystère de Mit Yaïche n'en serait donc pas vraiment un si ce n'est que ce genre de manifestation des Djinns n'est pas vraiment coutumière. Pourquoi précisément dans ce village et dans cette maison? Là était le mystère jusqu'à présent demeuré sans réponse.
Ce ne serait en fait qu'un nouvel et spectaculaire épisode des rapports, parfois conflictuels parfois amicaux, que ces créatures versatiles prompts à la facétie comme au courroux entretiennent avec l'espèce humaine.
Ce sont, selon le Coran des êtres créés par Dieu comme les anges et les hommes. Ils constituent avec ces derniers les deux "charges" (al-thaqalayn) posés sur terre. Ils ont leurs prophètes pris parmi eux (Coran, VI, 130). Ils doivent obéir à la Loi révélée par Mahomet. Ainsi, tout comme les hommes, ils sont musulmans, adeptes d'autres religions ou incroyants. Ils sont capables d'oeuvres considérables. Le roi Salomon les a engagés dans ses armées et ils ont travaillé pour lui dans la construction d'oeuvres prodigieuses. Mais certains d'entre eux servent Satan et sont malfaisants selon l'opinion la plus répandue. Pour se protéger contre ces derniers, on pratique l'épandage de sel et prononce des formules de politesse dans les endroits où ils sont censés se tenir. Cela n'est pas sans rappeler les pratiques afro-brésiliennes utilisées pour amadouer Exù , divinité elle aussi versatile à qui on fait offrande d'eau de vie déposée aux croisées des chemins.
Certains personnes bien que de religion musulmane font appel contre les méfaits des djinns à l'intervention de prêtres coptes, qui, dans leur esprit, auraient hérité les sciences occultes des Pharaons. La langue liturgique de l'Eglise copte n'est-elle pas une survivance de l'Egyptien antique?
D'après les traditions, les djinns font partie d'un monde éthéré, subtil, auquel les hommes n'ont pas accès. En revanche, les djinns peuvent prendre des formes diverses, se déplacer d'un endroit à un autre à très grande vitesse, avoir des rapports avec l'espèce humaine et même s'accoupler avec elle. Ainsi, il y a quelques années, une femme répudiée par son mari qui l'avait retrouvée avec un nouveau-né alors qu'il revenait d'un long séjour à l'étranger, obtint gain de cause devant un tribunal en invoquant les oeuvres d'un djinn. Il y avait sans doute dans l'esprit du juge une volonté de paix et de tolérance déjà avérée en Islam par la théorie du foetus endormi (al-janine el-raqid), reconnue par diverses écoles juridiques, notamment hanéfite (sept ans de dormition possible) et malékite (deux ans). En quelque sorte une fiction légale palliant les inconvénients des naissances illégitimes.
Certains hommes prétendent pouvoir entrer en contact avec les djinns par des moyens magiques divers et notamment la pratique du "Darb el-mandel", fort redoutée et qui consiste à les faire apparaître à la surface d'un liquide huileux. Mais cela n'a rien à voir avec la religion et tient de la sorcellerie. Quant à la consultation des djinns pour la divination, c'est une affaire de charlatans puisque du point de vue coranique, les djinns n'ont pas accès à l'inconnu (ghayb).
En revanche, le rêve a une grande importance en Islam. Certaines visions oniriques peuvent être inspirés par les djinns ou par Satan mais, d'autres, les rêves sains, sont inspirés par Dieu ou son Prophète. Il existe depuis des siècles et jusqu'à aujourd'hui une abondante littérature sur l'interprétation des rêves.
La question des rapports des djinns avec l'Homme amène naturellement à évoquer le recours à l'exorcisme en cas de possession. Il existe des "centres de soins" par le Coran qui le pratiquent. il y a quelques années l'hebdomadaire islamiste An-Nour racontait ainsi:
"Le frère Reda pose une main sur la tête du malade en implorant la protection de Dieu contre le Démon. Il parle avec véhémence comme s'il avait Satan devant les yeux. Il récite la "Fatiha", (première sourate du Livre) puis les cinq premiers versets de la sourate suivante (al-Baqara) ainsi que le verset 101 de cette même sourate où il est dit :"Et ils crûrent ce que les démons disaient à propos du roi Salomon". Le malade se met à trembler fortement. Le frère Reda répète les mêmes versets. La figure du patient se métamorphose. Ses yeux rougissent et son visage noircit.
"Le frère Reda lui demande: quel est ton nom?
"Le malade d'une voix basse avec un intonation féminine répond: Maryam.
"Quelle est ta religion"?
"chrétienne.
"Que fais-tu dans ce corps?
"Nous y avons été envoyés mon mari et moi par l'envoûteur.
"Où est ton mari?
"Avec moi.
"Le frère Reda poursuit la lecture du Coran pendant plus d'une heure et demie.
"Une voix s'échappe du corps frissonnant: Ah! ah! Je veux sortir!
"L'exorciste s'adresse au corps: "Ne craigniez point l'envoûteur. Le Coran vous en protège. Sortez en paix. Sortez par ordre de Dieu.
"Nous sortons".
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