CARICATURES ET PAMPHLETS

Publié le par Yaqzan

 Religion et liberté d'expression

  
Les caricatures de Mahomet  au Danemark puis celles qui ont valu tout récemment des ennuis à un dessinateur néerlandais et enfin l'article du pr. Robert Redeker dénonçant le Coran comme "exaltant le violence et la haine" continuent de faire débat. Les réactions hostiles du monde musulman à ces publications y compris les menaces de mort proférées contre leurs auteurs, ont provoqué un mouvement de solidarité de nombreux intellectuels et journalistes au nom de la liberté d'expression.

Le liberté d'expression est en effet un principe sur lequel on ne peut transiger, mais encore faut-il que "l'expression libre" soit elle-même sereine et irréprochable dans le fond comme dans la forme. Ce n'est pas le cas des faits cités, dont l'outrance, la maladresse et l'inefficacité portent précisément préjudice à la liberté d'expression. L'attitude des défenseurs de cette dernière est légitime et fort compréhensible s'agissant du principe même. Céder aux pressions pourrait en effet ouvrir la voie à de dangereuses dérives autoritaires.

En revanche, il aurait été souhaitable que cette défense fût assortie d'une critique sans concession du fond et de la forme des dessins et écrits concernés, qui, à mon sens, relèvent de la provocation inutile.

La caricature vaut par l'usage qui en est fait. La caricature est un art qui consiste à grossir les traits saillants du "sujet-objet" qu'elle entend caractériser.  En ce sens, la caricature est un outil de la critique à la fois objective et subjective.

Dans la presse, la caricature a souvent valeur de commentaire éditorial et, à ce titre, doit être construite avec autant de discernement que l'écrit, dont elle se distingue toutefois du fait que par sa nature même elle comporte une charge évocatrice ou émotionnelle plus forte.

La caricature instrument de critique politique ou sociale  est généralement parfaitement bien admise dans les sociétés modernes y compris dans des pays généralement considérés comme peu démocratiques où elle a souvent valeur d'exutoire. La caricature peut heurter des sensibilités politiques mais elle ne blesse pas. En revanche, lorsqu'elle touche au fait religieux, elle peut blesser des âmes au plus profond d'elles-mêmes. La caricature en ce domaine n'est pas anodine du fait même qu'elle amplifie le propos et est naturellement perçue (à tort ou à raison) comme instrument de dérision.

Le fait religieux, s'il est en effet transcendance pour les croyants, peut toutefois être soumis à la critique objective dans le sens scientifique du terme et je crois que l'utilisation de l'écrit s'impose en ce domaine contre la caricature.

Encore faut-il que cette critique soit exercée par des hommes intègres et compétents. L'étude des religions relève de la méthode historique, qui replace les faits dans leur contexte évolutif.

A cet égard, le fameux article de m. Robert Redeker, publié il y a quelque temps dans le Figaro et qui continue de faire débat , déroge totalement à la règle de la critique scientifique. Ce n'est qu'un pamphlet tout autant inutile dans son propos que nuisible par ses effets.

Affirmer tout de go que le Coran est un texte chargé de haine est outrancier et à ce titre dérisoire. S'il a vraiment lu le Coran, m. Redeker aurait connaissance d'un verset où il est dit: "Quiconque tue un innocent tue l'humanité tout entière"? Ce qui à mon sens est la plus authentique condamnation des attentats aveugles commis au nom de l'Islam par certains.

 On n'a pas attendu m. Redeker, professeur de philosophie certes, mais philosophe certainement pas, pour dénoncer l'Islam politique autrement appelé islamisme. Il suffit de citer des auteurs égyptiens comme Mohammed Said el-Eshmaoui, Fouad Zakariya, Farag Foda, assassiné en 1992 au Caire par un extrémiste, ou maghrébins comme Abdel wahhab Meddeb, Malek Chebel ou Abdou Filali Ansari. Tous militent pour la "réouverture des portes de l'Ijtihad", à savoir le retour à l'interprétation de l'Ecriture au regard de l'évolution du monde.

Il y a l'Islam vécu et l'Islam vu de l'extérieur. Vu de l'extérieur, il peut être étudié et soumis à la critique scientifique sereine et rigoureuse. Vécu, il appartient aux musulmans et c'est à eux seuls qu'il revient de le réformer avec l'aide des esprits éclairés que j'ai mentionnés plus haut.

Pour d'autres informations sur  le réformisme musulman cliquer sur le lien
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PS/ A propos de caricature, je ne peux m'empécher de rappeler l'horrible usage qui en a été fait naguère contre les juifs par les nazis et leurs amis

Publié dans religions

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